Un trio à l’assaut du lac Titicaca. Dans quelques mois, le nageur Théo Curin, accompagné par l’ex-nageuse Malia Metella et l’éco-aventurier Matthieu Witvoet, se jetteront à l’eau, en Amérique du Sud. Leur défi : traverser le lac Titicaca, une eau à 10° à près de 4 000 mètres d’altitude en autonomie en novembre 2021. Un délire de sportifs en manque d’adrénaline ? Loin de là. Le Zéphyr est allé à leur rencontre pour comprendre leur challenge et les sonder, entre deux entraînements.
Ce récit est extrait du Zéphyr n°8 (Hiver 2020-2021), En route ! Les voyages qui nous transforment, loin des sentiers battus. Découvrez son sommaire, passez commande.
En ce mois d’octobre 2020, Theo Curin sort du bassin et file au vestiaire pour se changer. Le jeune homme, à peine 20 ans, vient de démarrer un entraînement un brin particulier. En ligne de mire : non pas les Jeux paralympiques de Tokyo, en 2021, auxquels ce garçon amputé des quatre membres, a décidé de ne pas participer en raison d’un souci de classification. “Je me retrouvais à affronter dans l’eau des mecs qui ont leurs deux mains. Ils sont avantagés par rapport à moi : ils gagnent tout… C’est une inégalité que ne comprends pas, comme il y en a de nombreuses, sur Terre.”
En ligne de mire, plutôt, un défi personnel non moins excitant, et tout aussi physique. L’idée : “ne pas se laisser abattre” quatre ans après avoir remporté – à 16 ans aux championnats d’Europe de natation handisport au Portugal – la médaille d’argent sur 200 m nage libre. Comme il était, pour Théo, hors de question, en attendant “ses” Jeux de 2024 à Paris, de “rester sur son canapé à ne rien faire”, son agente lui a alors soufflé une proposition un peu folle, qui lui a tout de suite paru séduisante : traverser le lac Titicaca, en Amérique du Sud. C’est le plus haut lac navigable : situé à près de 3 800 mètres d’altitude, il est situé au cœur de la Cordillère des Andes, entre le Pérou et la Bolivie.
Théo prévoit une course sur 122 kilomètres dans une eau à 10°. Un projet hors norme d’une durée de huit jours environ (ou un peu plus), que Théo s‘apprête à partager avec deux autres athlètes, l’ex-nageuse Malia Metella ainsi que l’éco-aventurier Matthieu Witvoet.
“Il faudra tenir mentalement”
Avec ses deux futurs partenaires, ils seront en totale autonomie et auront à pousser, en combinaison, un radeau d’une centaine de kilo, sur lequel ils stockeront nourritures et trousses de secours. Il servira également de dortoir flottant durant ce voyage totalement dingue. “Je pense que l’on sera capable de faire 15 bornes par jour, espère l’athlète paralympique. Ce sera une première pour tous les trois, poursuit-il, même si on ne part pas de zéro, étant donné qu’on est des sportifs de haut niveau.” / Frédéric Emmerich
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