15 juillet 2016, dans les Pyrénées espagnoles. Parti à la recherche d’un paysage dénué de pollution lumineuse, le photographe Yohan Terraza a évité de justesse la rencontre avec le vide. Il témoigne après avoir frôlé la mort.
Ce récit est extrait du Zéphyr n°6 (sur la photographie)
« Il y a désormais très peu d’endroits en France dénués de toute pollution lumineuse. On ne le réalise pas forcément quand on regarde autour de soi, mais, quand on est photographe, ça saute aux yeux », explique Yohan Terraza. La pollution lumineuse, cette lueur permanente produite par les éclairages artificiels et omniprésents, qui nuisent à l’obscurité naturelle de la nuit, conduit un tiers de l’humanité à ne plus voir la Voie lactée. Ce halo rose ou orangé qui ôte son noir à la nuit, c’est ce qui rend les villes visibles de l’espace la nuit.
Il est logique de traquer une beauté inédite lorsqu’on aime la nature au point d’en faire le centre de son travail photographique. « On a les plus beaux ciels du monde en montagne. L’atmosphère est beaucoup plus fine… Et c’est ce que je voulais photographier. » Le photographier, le montrer, le partager. Montrer que l’on peut encore éviter la pollution lumineuse, bien qu’elle soit omniprésente. Qu’il existe encore des espaces totalement sombres, certes compliqués d’accès, où la lumière n’a pas de prise.
Quand chaque seconde est la dernière
Pour avoir point de vue optimal sur l’étendue montagneuse nappée de brume qui s’étend, Yohan entreprend de monter vers un col. Avec plus de 20 kilos de matériel sur le dos, donc une inertie conséquente. « C’est bête à dire, mais j’ai pris le mauvais chemin : à gauche au lieu d’à droite, qui me semblait très escarpé. C’est devenu de plus en plus abrupt, et j’ai fait une erreur en insistant. J’aurais dû reculer avant de me retrouver à quatre pattes sur une pente à 45° avec un précipice de cent mètres derrière moi. »
« Je ne peux plus avancer ni reculer. Je commence à glisser lentement vers le vide. C’est du gravier sur la roche, je ne peux plus planter mes bâtons de marche, plus poser mes pieds, qui glissent. Mes mains glissent aussi. J’essaie de grimper, je glisse avec l’impression que chaque geste va me précipiter dans le vide, que ne rien faire va me précipiter dans le vide. » / Tara Lennart
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