Son association Pataclop fait partie des rares maisons de retraite d’équidés en France. Dans le Loiret, Julie Guiorguieff recueille des chevaux usés par la vie, qui ne peuvent plus monter dans les centres équestres. Elle vient également au secours d’animaux abandonnés ou victimes de maltraitance.

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Sur son terrain de 13 hectares, les poneys et d’autres équidés galopent, ralentissent, prennent leur temps, se reposent. « Ils profitent de leurs belles années, ils ont arrêté de travailler et laissent leurs corps vieillir », soutient Julie Guiorguieff, la propriétaire du pré, à Saint-Hilaire-les-Andrésis, dans le Loiret. Depuis 2013, elle recueille des chevaux en retraite, des animaux âgés d’une vingtaine d’années en moyenne, fatigués, usés ou présentant certaines pathologies, comme l’arthrose. Des équidés ayant eu des cavaliers sur le dos toute leur vie. « Ils veulent qu’on leur foute la paix », dit-elle en riant.

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La plupart proviennent de centres équestres qui ne savent plus où mettre les chevaux en fin de vie. “Souvent, ils comptent sur les cavaliers pour qu’ils les récupèrent, mais ce n’est pas toujours possible pour eux, pour des raisons financières ou de place. Je travaille par exemple avec le centre équestre de Versailles qui dispose d’un trop grand cheptel afin que les équidés puissent être recueillis par ceux qui les ont montés.” Elle sait de quoi elle parle, pendant une dizaine d’années, plus jeune, elle a côtoyé un centre équestre en région parisienne et n’a pas toujours su où allaient les chevaux “une fois en retraite”.

Des équidés maltraités ou abandonnés

Ainsi, aujourd’hui, cela lui plaît d’apporter son aide. Et cela rassure les propriétaires. Désormais, elle dispose d’un terrain qu’elle a acheté, après avoir longtemps loué des prés, de plus en plus grand, pour faire face à la demande croissante de chevaux à secourir. Le bouche-à-oreille fonctionne.

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Dans son espace, il y a des “retraités” de centres équestres, mais pas seulement. Julie a par exemple recueilli deux équidés un peu plus jeunes ayant servi quelques années à la police nationale, en Essonne. “Ils ont passé une bonne partie de leur vie à se déplacer sur le bitume, ce qui est loin d’être naturel ; à 10 ans, ils avaient déjà des douleurs au pied ou à la jambe.”

Surtout, elle sauve par ailleurs des chevaux en situation d’urgence vitale, des victimes de maltraitance, des équidés amaigris qui n’ont pas été nourris, qu’on a cruellement oubliés au fond d’un enclos, parfois sans eau fraîche pour se désaltérer. “Beaucoup sont malheureusement laissés sans soin, j’ai déjà eu des poneys aux sabots quatre fois plus longs qu’à la normale.”

Parfois, ça va même plus loin, puisqu’elle garde des chevaux qui ont été abandonnés, ni vu ni connu, comme si de rien n’était. “Un jour, j’ai pu accueillir une ponette qu’on avait laissée au bord de la route, comme certains font pour les chiens, témoigne-t-elle. On avait pu retrouver la trace des propriétaires, mais ils avaient juré que cette pauvre bête ne leur appartenait pas.” Cela peut être des animaux saisis par la Direction départementale de la protection des populations (y compris animales, donc), qui, derrière, propose à l’association les équidés.

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“Là jusqu’au bout”

D’ailleurs, au début, c’est ce qu’elle souhaitait : sauver les poneys en souffrance, les pauvres victimes de maltraitance, les poneys, aussi destinés à l’abattoir pour la boucherie chevaline. “Tous les chevaux qui passent chez nous sont retirés de la consommation humaine pour éviter qu’un marchand les revende à la boucherie.”

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C’est dire que Julie voit souvent le vétérinaire, qui vient, quand c’est nécessaire, abréger la souffrance des animaux. “Ce sont des émotions fortes. On est là jusqu’au bout, parfois le vétérinaire les pique car ils ne peuvent plus rien pour eux.”

En général, Julie les garde un peu moins d’un an ; elle cherche des familles souhaitant les adopter. Pour quelles motivations ? “La plupart ont déjà un cheval et cherchent un copain pour lui, un animal qui lui tiendra compagnie, ou, tout simplement, car elles désirent s’occuper d’un équidé en fin de vie.” / Philippe Lesaffre