Vous lisez un extrait du Zéphyr n°17 Mammifères : coloc à terre. Le Zéphyr est un média indépendant, financé par ses lecteurs et lectrices. Découvrez le sommaire du numéro par ici, puis commandez l’opus en version papier. Vous pouvez aussi vous abonner. Bonne lecture, et merci !

Le loup explore de nouvelles terres, c’est sa nature. Capable de parcourir des dizaines et des dizaines de kilomètres en une nuit, le canidé circule beaucoup, notamment pour se chercher sa nourriture. Bertrand Sicard, président de l’association Férus, prend sa défense depuis belle lurette, et, selon lui, il n’y a pas de raison que le loup gris cesse demain d’étendre son territoire en France. Ainsi, l’enjeu n’est pas tant de savoir si on accepte les meutes comme voisins, mais plutôt d’assurer, dit-il, « une cohabitation plus apaisée » entre les populations de grands prédateurs et la société. En particulier les acteurs du pastoralisme.

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En 2022, les loups ont été à l’origine de 12 000 attaques de brebis ou de moutons. Il ne faut pas fermer les yeux, bien entendu. Pour autant les solutions existent pour aider les bergers d’une part et défendre le mammifère sauvage de l’autre. Par exemple, l’association Férus met à disposition des bénévoles pour notamment surveiller les troupeaux, ce qui tend à réduire les risques. Éliminer les prédateurs n’est pas systématiquement la bonne méthode.

Insistons. Il est primordial de protéger la faune sauvage, tant mystérieuse que mythique. Les espèces emblématiques dont l’état de conservation reste critique en France comme le lynx et l’ours brun, évidemment. Mais aussi les plus discrètes telles que le vison d’Europe, mammifère semi-aquatique en danger critique, on l’a observé en Charente-Maritime.

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Constat amer

Ces animaux sont les victimes de notre mode de vie. Constat amer. On détruit leurs habitats, notamment les zones humides. On aménage les paysages pour nous amuser dans la nature, mais cela empêche les bêtes de circuler correctement. On roule vite et on écrase les populations qui cheminent au bord de la chaussée. On laisse les lumières allumées la nuit, mais elles perturbent les chiroptères habitués à l’obscurité. Diable ! On ne peut pas laisser la faune sauvage tranquille ?

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Toutefois, la prise de conscience citoyenne évolue. Des organisations se mobilisent et veillent, tant mieux. Nombre d’acteurs observent, mesurent, étudient. D’autres alertent, sensibilisent, diffusent la connaissance. C’est capital, parfois les gens ignorent même la présence de tel ou tel mammifère dans leur région. « Quoi ? Un lynx, par ici ? »

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Le combat n’est pas terminé

Des collectifs luttent, des convaincus renaturent les espaces et laissent les zones en libre évolution afin de laisser les espèces s’y réfugier. Et il y en a qui mettent en place des actions de protection ou de réintégration de populations. Des initiatives indispensables que nous avons à encourager, mais surtout à dupliquer partout où elles sont nécessaires. Car, nous l’avons entendu lors de la conception de ce numéro, « il faudrait faire tellement plus » pour le vivant.

Les protecteurs des bêtes manquent de moyens. Et c’est cruel, ils ont parfois l’impression qu’on ne les écoute peut-être pas assez, qu’on ne prend toujours pas en compte ce qui nous entoure.

Le combat n’est pas terminé. Loin de là. / Par Philippe Lesaffre