Le Zéphyr-Lab – En cette rentrée 2022, Le Zéphyr a imaginé une nouvelle rubrique. Tous les mois, zoom sur un mot de la science. Cécile Faver signe cette chronique.
Chronique – En cette journée mondiale de la protection de la couche d’ozone (16 septembre), la rédaction se questionne : quel est le point commun entre l’ozone, nos réfrigérateurs et le changement climatique ?
L’ozone, c’est une histoire de rencontres, de molécules à double facette et… d’atomes crochus ! D’abord, il y a l’ozone « du haut », à une trentaine de kilomètres au-dessus de nos têtes. À l’instar d’un véritable bouclier invisible, aussi épais que fragile, qui protège la vie animale et végétale sur Terre en l’enveloppant. Au sein de ce bouclier : un double processus chimique de création et de destruction de molécules d’ozone (O3), à partir de molécules d’oxygène (O2), sous l’action des rayons solaires ultraviolets. C’est l’ozone de la stratosphère. Ensuite il y a l’ozone « du bas », sur Terre, l’ozone troposphérique. C’est un polluant lié aux gaz d’échappement et à certains solvants, dont le taux augmente lors des étés caniculaires. Hélas pour les asthmatiques qui en souffrent, tout comme certaines espèces végétales ! Et, puis, il y a l’actualité, surtout en 2020, lorsque le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique s’est finalement refermé en décembre, après avoir battu un record alarmant (environ 24,8 millions de km², le 20 septembre 2020).
Le trou de l’ozone en octobre 2021 (Nasa)
Des gaz fluorés dans les frigos
Une bonne nouvelle pour la planète ? Oui, dans le sens où nous avons presque réparé cette catastrophe environnementale, dont les prémices apparaissent dès les années 1970. Grâce à la mobilisation de la communauté internationale, en deux dates-clés. 1987 : le protocole de Montréal stoppe progressivement la production et l’utilisation de substances chimiques d’origine humaine, délétères pour l’ozone, en particulier les chlorofluorocarbones (CFC) utilisés dans les réfrigérants, les climatiseurs et les bombes aérosols. 2016 : l’amendement de Kigali (au Protocole de Montreal) limite l’utilisation des hydrofluorocarbures (HFC), en remplacement des CFC.
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Une si bonne nouvelle ? Non, puisque les HFC, bien que bons pour l’ozone, se sont avérés mauvais pour le climat. Car dotés d’un potentiel d’effet de serre sur 100 ans 10 000 fois supérieur au dioxyde de carbone (CO2) !
Pourtant, on estime que, par exemple, de 30 à 50 % des réfrigérateurs contiennent encore ces gaz fluorés, d’après l’association citoyenne Zero Waste France. « Il est impératif de les récupérer et les détruire ! Les HFC sont un enjeu important pour le climat, affirme Jörg Adamczewski, membre bénévole du conseil d’administration de l’association, la part des HFC dans les émissions des gaz à effet de serre en France est de 5 %, c’est-à-dire supérieure à celle du trafic aérien (Lisez le rapport 2021 du Haut Conseil pour le climat, et notamment la page 13, pour comprendre l’impact de l’ensemble « transport » en France, ndlr), ce qui n’est pas négligeable ! »
Mais la prudence est de mise : « Les efforts de la communauté internationale existent bel et bien, mais ils ne sont pas assez soutenus et sont trop lents à se mettre en place par rapport à l’accélération du changement climatique. Les effets de la réduction ne se feront sentir que dans 10 ou 15 ans », ajoute-t-il. En France, une nouvelle taxe sur les HFC visera directement les industriels en 2023, invités à fortement limiter leur impact. Tandis que les aventures de la molécule d’ozone continuent. Avis aux scientifiques en herbe ! / Cécile Faver
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