FICTION – Noël voit dans le métro une bande de jeunes embêter une jeune femme. Que faire ? Se lever et l’aider ? Ne pas bouger et regarder ailleurs ? Il hésite, puis finit par prendre une décision. Qui va changer sa vie. Et celle des autres.
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Chapitre 4
– « Et toi, alors, qu’est-ce que tu lui dirais, si tu rencontrais à nouveau l’homme qui t’a sauvée ?
– Je ne sais pas, merci, sans doute.
– Merci ? C’est tout ?
– Quoi, c’est tout ?
– Ben, il a affronté trois lascars pour toi, ma chérie. Ce gars-là mérite une médaille – sans lui, je me demande bien ce qu’il en serait advenu de toi. Puis quand on a vu comment lui-même a fini…
– Écoute, j’ai pas vraiment envie d’en parler… pas ce soir.
– Ok, ok. »
Pour clore la conversation, Juliette roula sur le côté et pressa son oreiller contre son visage, comme elle le faisait lorsqu’elle était petite, et qu’elle voulait s’endormir sans trop de complications. Pas de transition, pas de pensées parasites, pas d’images qui surviennent lorsque l’esprit s’égare… Juste un bon gros sommeil bien lourd qui vous tient jusqu’au lendemain matin. Cependant, l’enfance passée et les trente ans atteints, la magie n’opérait plus aussi bien qu’avant. « Les monstres sous le lit sont bien plus nombreux et grouillants une fois adulte« , se dit-elle. Impossible de pioncer sans être emmerdée par tel ou tel truc qui vous bloque l’esprit.
Micro-crise
Elle songea à la question de son mari, mais aucune réponse ne vint. Même envers son propre silence, elle demeurait coite. Il aurait dû le savoir, non ? Pourquoi l’importuner avec des questions impossibles ? Elle devint parano et soupçonna sa propension au sadisme. C’était bien son genre ça, à vous planter une vilaine petite graine dans la tête, dans l’attente qu’elle pousse et en gratte ostensiblement les parois. Elle sentit son sperme couler lentement de son vagin, entre ses cuisses serrées, éprouvant une répulsion vague.
« Pourquoi n’avoir pas mis de capote ? se dit-elle. Je sais qu’il va baiser ailleurs, alors pourquoi n’avoir pas mis de capote ? »
Puis d’autres questions fusèrent. Pourquoi fait-on encore semblant de s’aimer ? À quoi bon tirer un coup toutes les trois semaines, si c’est juste pour prétendre mener une vie saine et heureuse ? Pourquoi réserver une table pour la Saint-Valentin, alors qu’on sait très bien qu’on annulera la veille pour regarder un film à la maison, chacun de son côté ? Ses cogitations s’estompèrent et les larmes lui montèrent quand elle l’entendit ronfler, signe qu’il venait de s’endormir.
« Pourquoi s’endort-il toujours avant moi ? »
Jalouse, elle se leva pour se nettoyer. Arrivée dans la salle de bains, elle ne pleurait plus. C’était une micro-crise. Une petite phase de la journée devenue essentielle ces derniers temps, comme un besoin pressant de pisser ou d’aller faire caca. « Il faudrait vraiment songer à trouver un avocat pour le divorce« , murmura t-elle, en jetant le papier toilette sale dans la cuvette.
Célébrités en orbite
Après ça, Juliette pénétra dans le salon et alluma la télé, résignée à chercher le sommeil devant la négation intellectuelle qu’offraient les programmes de son époque. « Déjà, en 2020, c’était une calamité, se rappelait-elle, mais maintenant, en 2022, c’était pire que tout. » Avec consternation, elle regarda deux personnes copuler en apesanteur, avant que l’angle de la caméra ne change et montre deux petits malins s’apprêtant à réenclencher la gravité pour surprendre le couple. Quelques minutes plus tard, Célébrités en orbite fit place à la pub et Juliette passa à une autre chaîne, avant de cogiter à nouveau.
Au fond, elle ressentait une grande culpabilité vis-à-vis de ce qu’il s’était passé, six ans avant. C’était pour ça qu’elle avait autant de mal à en parler. Jour après jour, elle essayait d’oublier, d’effacer ça de sa mémoire, de se raccrocher à l’idée qu’elle avait eu une chance inouïe de ne pas se faire violer ou tuer, et qu’il n’y avait pas de question à se poser.
Mais la pommade ne fonctionnait pas. Elle se reprochait constamment de n’avoir pas su agir d’elle-même et d’être redevable d’un pauvre mec qu’elle ne connaissait pas – à qui elle avait volé la vie, en quelque sorte. Elle se reprochait sa passivité, sa mollesse, son absence de courage, et cela la minait. Elle ne supportait plus l’image de cette fille pathétique qui n’avait pas su se défendre. Elle ne supportait plus son boulot merdique où il lui fallait couvrir des actus sans consistance. Elle ne supportait plus son mari qui la bassinait pour faire des enfants, soit-disant pour un « avenir plus stable », mais qui par ailleurs n’avait jamais su garder sa bite en place.
– « Mon mari est une merde« , chuchota-t-elle.
Et cela la fit rire.
– « Mon mari est une merde, ma vie est une merde, et c’est tout ce que je mérite, parce que je ne suis qu’une pauvre grincheuse lâche et au bout du rouleau. »
Voilà ce que se disait Juliette, en étouffant des éclats de rire de plus en plus hystériques. Puis le rire passa et l’écran capta de nouveau son attention, car on y voyait un reportage un peu bizarre, sur ce neurologue de renom qui tentait de créer un contact entre les gens sains et les légumes – enfin, ces patients plongés dans un profond coma qui n’avaient plus la moindre chance de se réveiller.
Au terme de trois ans de recherches et d’expérimentations, le projet Kadath s’avérait très concluant pour le futur, expliquait le docteur Wagner, visiblement optimiste. La connexion vivant-dormant n’était pas encore établie pour l’instant, mais l’activité cérébrale d’au moins un tiers des malades réagissait à la première version du logiciel – tout semblait témoigner que des choses se passaient maintenant qu’ils étaient branchés dessus.
Un bon dodo
– « Notre algorithme est écrit de manière à entrer en symbiose avec le psychisme du patient, et non de lui imposer une réalité virtuelle pré-programmée, dit le docteur Wagner. Notre but est d’instaurer une dimension nouvelle, hybride, correspondant à la nature de chaque patient, mais offrant une porte ouverte à quiconque, comme si le malade avait l’opportunité d’accueillir quelqu’un dans sa demeure. Sauf qu’ici, sa demeure serait ses pensées, ses projections, ses rêves, tous dotés d’une maniabilité puissamment accrue, étant donné que notre logiciel agirait comme un tremplin pour son imaginaire. Il y aura une simulation des sens extrêmement réaliste, une impression réelle de palper telle ou telle texture, comme le sentiment de faire renaître le monde autour de soi. J’ai de grands espérances avec ce projet, et je pense très certainement qu’il sera au point d’ici trois ou quatre ans. »
Après ça, Juliette se sentit un peu bizarre. Comme si l’entrain du docteur Wagner avait pris sa petite crise existentielle au dépourvu, et l’avait contaminée, en y instillant un peu de son essence. C’est décidé, demain elle se barrerait de son boulot à la con et quitterait son mari, proprement et sans fioriture.
Mais avant, il fallait dormir. Un bon dodo sans rêve ni cauchemar.
Chapitre 5
Au bout du compte, Juliette ne quitta son travail et son mari qu’un an et demi plus tard, au terme d’une dépression nerveuse sévère, amplifiée par la mort de sa mère, qui lui valut même un petit séjour en hôpital psychiatrique. À peu près durant cette période, la seconde version du logiciel Kadath fut lancée, et Noël, qui stagnait dans un brouillard permanent depuis près de sept ans, éprouva de manière inattendue la reconnexion avec le temps et l’espace.
D’abord par bribes, semblables à des éveils très brefs de conscience, assez coutumiers depuis ces deux dernières années où son serveur avait été mis en route, puis continuellement, sans pour autant lui donner l’impression d’évoluer dans le même monde qui l’avait vu naître. Il lui semblait exister ailleurs, dans sa propre réalité, comme un naufragé s’éveillant en terre à la fois inconnue et familière.
De ses mains, il palpa un corps, le sien. Comment est-ce possible ? Puis brusquement, il se rappela son dernier souvenir, c’est-à-dire les trois types qui le taillaient en pièces, et ces derniers prirent forme sous ses yeux, en plein cœur de l’action. Il sentit alors leurs poings cogner, tambouriner sa chair avec une extrême brutalité, son sang couler des diverses entailles qui naissaient à la surface de sa peau, et il hurla de douleur. Sa souffrance était terrible.
– « Arrêtez tout !, gueula-t-il. Arrêtez tout, arrêtez tout, arrêtez tout, qui que vous soyez ! »
Tendances masochistes
Le docteur Wagner qui observait l’activité cérébrale de Noël, premier à bénéficier de la mise à jour, paru soucieux face au bombardement de stimuli que son patient semblait subir, quelques secondes après l’achèvement de l’installation. Quelque chose d’anormal se passait. Il observa son équipe à la dérobée, en craignant que quelqu’un ne lui conseille d’interrompre le processus. Il ne faudrait pas stopper là, ce serait trop bête, surtout sans connaître précisément la source du problème. Fort heureusement, son adjointe Isabelle prit la parole et ses doutes s’évanouirent :
– « Théoriquement, tout à l’air de bien se dérouler. Le sujet se souvient de l’événement traumatique qui l’a mené là où il est, et naturellement, vu que notre logiciel est conçu pour donner corps à ses pensées, ledit événement lui revient en pleine face. Évidemment, il ne risque rien, mais selon moi, il devra apprendre par lui-même à maîtriser ce qu’il souhaite voir ou vivre. Il doit devenir le cavalier de sa psyché, reprendre possession de son libre-arbitre en canalisant ce qui lui passe par la tête. Pas de problème majeur. Simplement, espérons pour lui qu’il n’ait pas de tendances masochistes et qu’il ne ressassera pas ses mauvais souvenirs trop longtemps. »
Le docteur Wagner répondit :
– « Donc, d’après vous, il n’y a pas de problème en ce qui concerne la mise à jour du reste ?
– À première vue, non.
– Eh bien, allons-y, mes chers amis ! Laissons ce tout premier patient se familiariser avec son nouvel univers. »
Bazar électronique
Et ils quittèrent la chambre de Noël, qui s’évanouissait pour la cinquième fois à cause de la douleur, avant de se réveiller et de revivre son calvaire en boucle.
Trois jours plus tard, le docteur Wagner et son équipe revinrent, soulagés de voir que les écrans affichaient une activité plus sereine, sans pour autant crier victoire. L’ambiance était comme qui dirait tendue. Wagner, qui n’avait presque pas dormi ces deux dernières nuits, arborait un teint grisâtre, un peu maladif, synonyme chez lui que son enthousiasme avait décru, ouvrant la voie à ses névroses d’enfant solitaire, anxieux et perfectionniste.
En prenant place dans le siège que l’on avait installé à côté du lit où Noël gisait, avec tout ce bazar électronique qui couvrait son crâne, sa poitrine et ses bras, il paraissait sur le point de jouer ses dernières cartes.
– « Espérons que ça marche », déclara-t-il d’une voix terne, lorsque Isabelle posa les capteurs sur sa tête et le reste de son corps.
– « Très franchement, je suis plutôt optimiste, répondit-elle. Pour le moment, c’est le seul d’entre tous à avoir réagi à la mise à jour comme nous l’espérions. »
Elle marqua une pause puis reprit :
– « À avoir réagi tout court, en fait.
– C’est vrai, Isabelle, vous avez raison. Cessons de nous faire du mouron. On verra bien ce que ça donne de toute manière. »
Avant le « lancement », le docteur Wagner lança un dernier regard à son adjointe, comme en quête de réconfort maternel, une sorte d’acquiescement spécial qu’il n’attendait chez aucun autre membre de son équipe – et, comme à son habitude, Isabelle resta de marbre.
– « Trois. Deux. Un, déclara-t-elle. Zéro. À tout à l’heure, docteur. »
Et son doigt effleura le pavé holographique, injectant Wagner directement dans la conscience de Noël.
« Quelle drôle de sensation que d’être le parasite de quelqu’un« , se dit-il immédiatement, en s’éveillant dans un espace sans couleur. Ai-je au moins une liberté d’action, ici ? Et le docteur Wagner se mit en marche en prenant une direction au hasard, incapable de se repérer dans ce territoire qu’il avait irrationnellement l’impression de souiller. « Au moins, tout marche correctement », se dit-il. Isabelle avait vu juste.
Néanmoins, à mesure qu’il avançait, Wagner se rendit très vite compte qu’il ne ressentait rien, et qu’il évoluait en fait dans un désert absolu d’imprégnation physique. La seule chose qu’il était en mesure de saisir, c’était cette oppressante sensation de déranger, de mettre les pieds là où il ne fallait pas, voire de violer le sanctuaire d’un dieu qui ne l’aimait pas.
–« Comment faire pour trouver mon patient, si je suis incapable de discerner quoique ce soit, et que cette sensation d’être rejeté et détesté me taraude autant ? »
Wagner combattit tant bien que mal son envie absurde de fondre en larmes, avant de poursuivre sa route. Puis, sans prévenir, trois ou quatre secondes plus tard peut-être, quelque chose s’enclencha.
Chapitre 6
De manière très soudaine, le docteur Wagner se sentit happé par une force, aspiré par on-ne-sais-quoi avec une sensation éprouvante de sang qui se vide, puis recraché dans un lieu, qui, à première vue, semblait être un quai de métro. Là, gisait Noël, recroquevillé sur lui-même contre le bitume, nu et ensanglanté, comme une sorte de fœtus scarifié, quasi-mort. Wagner fut anéanti par cette vision. Non par son aspect dramatique et quelque peu cauchemardesque, mais plutôt par la détresse absolue qu’elle lui inspirait. Il ressentait l’impuissance et la peine de l’être qui lui faisait face comme si c’était la sienne, et c’était bien ça le plus douloureux.
En cet instant, il était Noël, petit garçon contraint d’étouffer chacune de ses pensées, sous peine de voir ses démons se reformer pour le blesser à nouveau, une énième fois. Wagner et son équipe avaient sous-estimé la matérialisation du traumatisme ainsi que ses dommages. Ça avait été infiniment réducteur de croire qu’il fallait juste se maîtriser pour passer à autre chose. En quelque sorte, ils avaient donné naissance à un enfer artificiel – un châtiment suprême où le pire scénario d’une vie se reproduisait inlassablement, sans le moindre répit. Un bon point : le sentiment d’être l’hôte qui perturbe, celui qui squatte sans invitation et qui gêne par sa présence, avait disparu.
« Le maître des lieux »
Quelque part dans les tréfonds du subconscient, son entrée avait été validée et une demande d’assistance requise. De leur côté, les membres de l’équipe du docteur Wagner tentaient tant bien que mal de se remettre de leurs émotions. Ils garderaient très longtemps en mémoire cet horrible cri poussé par leur mentor, avant de gesticuler dans tous les sens comme un pantin. Isabelle était là, concentrée sur les données chaotiques qui s’affichaient sur les écrans et qui indiquaient l’état de santé incertain du docteur Wagner, quand celui-ci avait émis un gémissement, puis plusieurs d’affilée, pour finalement ouvrir grand la bouche et produire un son qui n’avait eu, en cet instant, rien d’humain. Une sorte de râle continu concentrant et multipliant tout ce qu’il y avait de plus désagréable à entendre pour l’oreille humaine.
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Évidemment, ils avaient tenté par tous les moyens de rompre le contact, de faire rebasculer le docteur Wagner dans le réel, mais tous leurs efforts avaient été vains. On se résignait maintenant à ce qu’il demeure catatonique, aussi légume que l’étaient les sujets de son travail. Sur le quai, ce même docteur Wagner continuait d’observer Noël, profondément résolu à lui venir en aide. Par où commencer ? Il essaya de s’approcher et se rendit compte que rien ne se passait, qu’il ne possédait en fait même pas de corps physique.
– « C’est lui le maître des lieux, c’est donc à lui de m’en attribuer un« , comprit vaguement Wagner.
– « Je suis là, Noël, dit-il, tentez de diriger vos pensées vers moi qui viens vous rendre visite. »
Et soudain, son équipe put entendre provenir de sa bouche un flot de paroles totalement incompréhensibles, vomies avec cette même tonalité aberrante. Étrangement, Noël réagit dans l’immédiat à la requête de Wagner : il tourna sa tête parcourue de plaies et de contusions, et chercha d’où provenait l’appel.
– « Je suis le docteur Wagner, dit-il. Ravi de faire votre connaissance. Si vous voulez me voir, je crains qu’il ne faille vous focaliser un minimum sur moi et me donner l’apparence qui vous chante. Pensez à un ami, un parent, ou même un acteur ; peu m’importe. »
La chambre
Et Noël s’exécuta, se figurant un chanteur aux cheveux grisonnants qu’il avait vu à la télé, la veille de l’accident – un choix qui selon lui correspondait bien à ce que lui inspirait son nouvel interlocuteur. Satisfait de disposer à nouveau d’un corps, Wagner avança en direction de Noël et le salua, avant de l’aider à se relever.
– « Comme c’est étrange« , constata l’un des chercheurs. Tous les signaux du docteur Wagner semblent être revenus à la normale, et ses battements de cœur ne produisent plus d’irrégularités comme tout à l’heure.
– « On dirait que le patient vient d’intégrer pleinement sa présence« , déclara Isabelle.
– « De quelle manière pouvez-vous affirmer cela ?
– Simple question d’intuition et d’anticipation. Le docteur et moi avions élaboré de nombreuses théories avant cet essai. Parlé de phénomènes potentiellement inexplicables, durant la phase transitoire où le docteur Wagner chercherait à entrer en contact avec le patient et à se faire accepter de lui.
– Cela explique aussi ces vociférations inaudibles ?
– Pour le moment, je n’en sais rien. Considérant que le docteur Wagner ait été à cheval entre deux réalités distinctes, peut-être que son esprit a voulu dire une chose, et que son corps en a traduit une autre, partiellement.
Une dissociation démontrée par cette réaction pour le moins inattendue. En parallèle, Noël esquissa quelques pas, soutenu par le docteur Wagner, puis trébucha contre les escaliers qu’avait empruntée Juliette lorsqu’elle avait eu l’occasion de s’enfuir. Furtivement, il la revit grimper les marches, paniquée, avec ses longs cheveux blonds qui flottaient derrière elle, et le docteur Wagner la vit aussi.
– « C’est la jeune fille que vous avez sauvée, c’est bien ça ?
– Oui, c’est elle… Pourquoi la revois-je ? Pourquoi tout ce que je pense, je le vis ? Comment arrêter tout ça ?
– Du calme, mon garçon, du calme. Je vais tout vous expliquer. Je répondrai à toutes vos questions… Mais avant, essayez de vous remémorer un lieu qui vous rend heureux, un lieu qui vous rassure. Finissons-en avec ce quai de métro. Laissez vos souffrances derrière vous, comme si vous abandonniez les bagages qui vous pèsent. Centrez votre attention sur un endroit où vous avez passé vos plus beaux moments. »
Et Noël se concentra de toutes ses forces, pour se retrouver tout deux dans une petite chambre enfumée, aux murs couverts de posters de rappeurs.
– « Où sommes-nous ?« , questionna Wagner.
– « La chambre de mon frère, répondit Noël. La chambre de mon frangin quand nous étions adolescents. »
Et ils s’assirent sur le lit défait, avec ses magazines épars et sa couverture en vrac.
Olivier Bernard
Vous en êtes à la deuxième partie de la fiction La veillée de Noël
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