Levent Acar a lancé I-Boycott, une association invitant les citoyens à boycotter en ligne des marques. Une initiative positive puisqu’elle permet, par ailleurs, de mettre en avant des alternatives aux entreprises. Le boycott « transforme le consommateur en citoyen averti soucieux de son impact environnemental et éthique« .
Comment changer le monde, aujourd’hui ? Comment sauter le pas tel le petit colibri, qui, à son niveau, tente d’éteindre les flammes de sa forêt ? Certains recensent des spots afin de vous inciter à consommer local (Yes we green, pour les curieux). D’autres dressent des inventaires de sociétés éthiques pour que puissiez adopter un comportement plus responsable… D’autres, encore, vous proposent de boycotter les grands groupes pour qu’à terme ils puissent évoluer.
C’est le cas de Levent Acar, agacé par les scandales médiatisés à répétition. Maltraitance des animaux, condition de travail dans des bâtiments insalubres… C’en est de trop pour Levent, décidé à s’engager via le lancement d’I-Boycott.org, une plateforme citoyenne permettant aux citoyens de boycotter en ligne des marques et des multinationales.
Selon lui, cette voie de contestation est bien plus efficace que la pétition, au final assez limitée : « Elle interpelle, mais c’est un peu près tout », poursuit le jeune homme, avant de donner l’exemple du texte d’Elise Lucet de Cash Investigation (France 2), pour dire « non » à la directive sur le secret des affaires. Plus de 500 000 personnes l’ont signé sur Change.org, en 2015. Mais elle a beau avoir été relayée par de nombreux médias, la pétition n’a pas empêché une majorité d’eurodéputés de voter la directive controversée.
Alors, pour aller plus loin, et « donner du pouvoir aux citoyens », Levent Acar, ingénieur informatique dans la vie, invite chacun à « s’engager vraiment » au travers d’une campagne virale sur les réseaux sociaux, grâce à son nouveau site web : « Si plusieurs milliers de personnes apportent leur contribution, l’entreprise ne pourra rester insensible », estime Levent Acar, qui s’est entouré de plusieurs personnes pour monter le projet durant son temps libre.
En effet, les community managers des multinationales – sa cible privilégiée – sont toujours aux aguets pour répliquer aux commentaires acerbes des internautes. Ce n’est pas que la commande des entreprises en pâtirait (ça, Levent Acar ne le sait pas trop, admet-il), mais c’est que l’image d’une société est très importante auprès du public…
« L’outil ultime »
Levent Acar, pour justifier son idée, cite l’action de Mahatma Gandhi, qui, dans les années 20, protesta contre l’impôt sur le sel destiné à l’Empire britannique et refusa les tissus étrangers. « Gandhi a marqué l’Histoire du boycott en luttant contre le colonialisme anglais d’une façon spectaculaire à cette époque. Le boycott est à coup sûr l’outil ultime pour le faible économiquement et politiquement mais le fort démographiquement. »
Le boycott traduit la liberté d’expression dans les achats de chacun d’entre nous. « Cela transforme le consommateur que nous sommes en citoyen averti soucieux de son impact environnemental et éthique. »
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Mais pas question de se positionner uniquement dans la critique, pour l’équipe d’I-boycott. But du jeu : démontrer que l’initiative revêt un caractère constructif. En clair, I-boycott veut donner, en premier lieu, la parole aux accusés, à partir du moment où il y a suffisamment de boycottants. À l’organisateur de choisir le seuil, mais un minimum de 1 000 personnes est requis. Puis, en fonction de la réponse de l’entreprise, les internautes choisissent ou non de poursuivre la « grève » de l’achat.
Quoi qu’il arrive, l’idée c’est aussi de responsabiliser les citoyens, qui peuvent, en second lieu, proposer au public des alternatives à la multinationale pointée du doigt. Et de faire, ainsi, du « buycott », comme Levent Acar dit. En d’autres termes, cela revient à inciter chacun à acheter auprès de la concurrence. Ce qui va d’autant plus inciter les multinationales à réagir, croit savoir le co-fondateur d’I-Boycott.
« Une vingtaine de personnes ont été sur le coup » pour lancer le mouvement qui prend la forme d’une association. Début des opérations : le 4 juin. Si, à terme, chaque citoyen et chaque association pourront proposer une campagne de boycott en ligne, ce ne sera pas le cas au départ. « Nous lançons le premier boycott, souffle Levent Acar. Quelle est la cible ? « Suspense… » Levent Acar, le sourire aux lèvres, ne dévoile rien, mais, au moment de notre échange, le garçon de 28 ans laisse entendre que tout est ouvert. « Ce sera soit pour la cause animale, sur l’environnement, ou pour le droit du travail. Wait and see ! » Mystérieux, le bonhomme… / Philippe Lesaffre
Le commentaire de notre partenaire Sabine Pradelle, co-fondatrice d’EnSSemble.org I-Boycott est un projet qui permet à tous les citoyens de faire entendre leur voix. « Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. » Je trouve cette citation très adaptée ! Effectivement, combien d’entre nous ont eu le sentiment que nous ne pouvions pas faire grand-chose seuls ? Redonner le pouvoir d’agir aux citoyens, proposer des alternatives et entamer le dialogue. Ce sont les valeurs défendues par I-Boycott, valeurs qui laissent présager d’une société co-construite !