Dans le dernier numéro du Zéphyr, on donne la parole aux photographes ; ils et elles nous parlent de leur métier, de leur vocation, de leur passion. Vous avez peut-être acheté le mag et découvert la couverture réalisée par Jérémy Felkowski. Mais comment l’a-t-il imaginée, fabriquée ?

 

Réaliser une couverture pour la revue du Zéphyr est plus compliqué qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas de concevoir et d’empiler des éléments graphiques comme autant de représentations de la thématique abordée dans l’opus à paraître. Avec notre petite équipe, et au prix d’une sérieuse réflexion, nous essayons de réinterpréter le message pour donner une cohérence au fond et à la forme. Pour le sixième numéro de la revue des aventures humaines, nous avons voulu nous pencher sur la place que peut encore avoir la photo dans une société qui en use, en abuse, et l’utilise en toute occasion. Comme toujours, nous voulions rester dans le figuratif, l’humain, la personnification du sujet.

Nous avons donc choisi de représenter la jeune génération sous les traits d’un homme d’une vingtaine d’années, sac à dos, baskets et jean’s en toile. Un millenial, comme on en croiserait dans les rues de toutes les grandes villes. Rien de bien nouveau sous le soleil… Du moins, en apparence. Ce jeune type à l’allure inoffensive VOUS photographie et vous implique dans le projet. Il est témoin, acteur, relais d’une info. Vous aussi.

La couverture du Zéphyr #6 sur la passion photo

Cette photo qui, hier encore, séparait le monde entre le photographe et le modèle, les réunit désormais dans un grand dialogue.

(Notez également que ce jeune homme pourrait tout aussi bien pu être un photoreporter d’une agence indépendante. Mais ajouter un cordon de CRS et des LBD volant dans sa direction aurait quelque peu chargé la couverture.)

À quoi sert encore de prendre une photo ? Voilà la question que nous nous sommes posée, sans a priori, mais avec la ferme intention de donner la parole à nos contemporain.e.s. Derrière la démocratisation de la prise de vue, l’émergence des smartphones et de leurs optiques perfectionnés, c’est tout un monde de créations, de sensibilité artistique, d’engagement enfin exprimé, de petits messages et de grands discours, qui émerge.

Engagement artistique

Les réseaux sociaux, Instagram et Pinterest en tête, sont les nouvelles salles d’exposition de ces talents. Des talents sortis de « nulle part » et qui changent radicalement la donne sur le marché de la photo comme le prouvent les témoignages présentés dans l’article dédié à l’avenir du photoreportage d’agences.

les couvertures du Zéphyr

La forme, enfin… Comme pour l’ensemble de nos couvertures, nous privilégions le dessin vectoriel aux photographies. Oui… Vous allez nous dire que ce choix peut paraître paradoxal quand on aborde le monde de la photo. Mais cet engagement artistique nous est propre et se réfère à notre culture graphique et éditorial. Derrière ces quelques formes imbriquées sur logiciel, il y a tout un tas de références puisées dans les archives du New Yorker, de Charlie Hebdo, de La Revue dessinée, de XXI ou de différents comics. Nos illustrations, au-delà de leur volonté d’évoquer une situation ou se référer à un message clair, sont autant de clins d’oeil et de coups de chapeau à ces géants de la presse qui inspirent leurs lecteurs dès les étals des libraires.

Nous espérons que ce sixième opus vous plaira, vous inspirera et vous poussera à questionner la place de la photo dans votre vie.

Très belle lecture.

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