Prologue
Vous lisez l’édito du Zéphyr n°14 – Montagnes : merveilles et périls. Découvrez le sommaire, passez commande pour soutenir le média des aventures humaines. Lisez et offrez le magazine !
Jamais un mois d’octobre n’a été aussi chaud depuis le début du siècle. Il faut se rendre compte du record de l’année 2022 à cette période : la température moyenne a atteint 17,2 °C, soit 3,5 °C de plus que la normale de saison, a indiqué, à l’automne dernier, Météo-France. Selon laquelle 2022 est devenue “l’année la plus chaude depuis le début des mesures”.
Le mercure s’affole, en plaine, comme sur les hauteurs. Le glaciologue Bernard Francou (dont l’entretien est à retrouver dans les pages suivantes) et la climatologue Marie-Antoinette Mélières l’ont indiqué dans leur ouvrage Coup de chaud sur les montagnes en 2021.
Ski menacé
“Depuis quelques décennies, écrivent-ils, les montagnes subissent de plein fouet le changement climatique.” Et de citer ce qui nous pend au nez : “Réchauffement atmosphérique souvent plus élevé qu’ailleurs, enneigement dégradé à basse et moyenne altitude, glaciers en fort recul, fonte du pergélisol, augmentation de risques naturels dont certains étaient inconnus ou très rares, comme les écroulements de masses rocheuses gelées à haute altitude.”
Les conséquences, l’athlète Xavier Thévenard, que Le Zéphyr a interrogé dans ses colonnes, en a pris conscience, lui l’enfant du Jura. Oui, les sports d’hiver qu’il affectionne sont “menacés” dans les décennies qui viennent. “La plupart des stations françaises n’ont pas d’avenir”, abonde Steve Hagimont, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines. En clair, certaines fermeront si jamais elles n’arrivent pas à s’adapter en diversifiant leurs activités et ne font pas tout dépendre d’un sport.
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Poudre blanche
Pour faire face à une ressource naturelle qui manque de plus en plus et afin de garantir les surfaces skiables, dans les Alpes notamment, beaucoup utilisent des canons à neige. Un tiers des stations françaises en sont équipés. Un tiers des pistes en France environ sont couvertes de neige de culture ou artificielle (60 % en Autriche).
Cela va plus loin. Business, avant tout. Surtout à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver. Les épreuves ne peuvent pas être annulées. Pénurie de neige, on vous dit. Depuis les années 30, les organisateurs ont à trouver des astuces, des alternatives. On raconte qu’en 1932, à Lake Placid, aux États-Unis, on est allé chercher de la neige au Canada en train… En 1954, à Innsbruck, en Autriche, la ville organisatrice fait appel à l’armée pour récupérer des flocons en haute altitude…
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Cela ne s’arrête jamais. Désormais, on organise des Jeux olympiques d’hiver dans des stations situées dans des régions au climat… méditerranéen, comme en 2014 à Sotchi, en Russie, par exemple. Pour que l’événement puisse avoir lieu, 700.000 m³ de neige venue d’ailleurs avaient été justement stockés sous des bâches isothermiques. Sans compter la neige de culture. De la neige issue de l’eau de lacs artificiels, évidemment. Coût astronomique, tant pour les finances que pour l’environnement. / Philippe Lesaffre