Aussi discrète sur sa vie privée que disponible pour son public, l’actrice Cécile Bois se plaît à incarner la femme moderne. Portrait d’une funambule sur le fil du succès.

les couvertures du Zéphyr

À la fois discrète et sociable, présente sur les sites d’infotainment et dans les magazines féminins, elle reste pourtant absente des couvertures des tabloïds. Une performance à l’heure des smartphones et des réseaux sociaux. J’ai donc voulu savoir quel était son « truc ».

« Je ne vous empêche pas de manger, j’espère ? » Il est 13h15 et Cécile Bois est en pause déj’ sur le tournage de la série Candice Renoir, dont elle incarne l’héroïne. À ma question, l’actrice rit : « Oh, je mangerai plus tard ! » Cette réponse confirme mon intuition : montée tardivement sur le grand huit de la célébrité, elle parvient à garder l’équilibre entre disponibilité et discrétion. 

Funambule

« Je ne vis pas en fonction des autres. Je me détache des regards. C’est ma façon de garder ma liberté. Ma vie privée, ça n’intéresse personne : c’est mon truc à moi, c’est ce qui fait ma vie, et je n’ai pas à le rendre public. » Sa réponse est joliment tournée, mais elle n’en reste pas moins assez banale. En choisissant de tourner la saison 7 de la série avec Jean-Pierre Michaël, son mari et père de ses deux filles, n’a-t-elle pas franchi le Rubicon ? « Non, réplique-t-elle, nous sommes chacun dans notre rôle. Mais j’aime l’idée que nos enfants puissent nous voir ensemble à l’écran ! » Une fois de plus, Cécile Bois joue les équilibristes.

Cet art de gérer son image en funambule est le fruit de l’expérience. « Je n’ai pas 20 ans, je ne commence pas ce métier, je sais comment ça fonctionne. Et, malgré Candice, ma vie n’a pas plus changé que ça… », note Cécile Bois.

C’est vrai, ce métier et la célébrité qui va avec, elle connaît ça depuis l’adolescence : depuis la compagnie théâtrale de lycéens de Talence (en Gironde), au conservatoire d’art dramatique de Bordeaux et l’École de la rue Blanche (l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, d’abord à Paris, avant le déménagement à Lyon, ndlr), Cécile Bois n’a jamais arrêté de jouer. Abandonnant l’école de théâtre au bout d’un an, elle n’a cessé de butiner les spectacles, passant d’une pièce classique à un tournage cinéma, d’un petit rôle à un grand réalisateur, de Germinal à Navarro.

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« Je ne suis pas d’une nature très légère »

Après avoir incarné, en 1995, Angélique, marquise des Anges, dans une mise en scène de Robert Hossein, pendant 130 représentations devant les spectateurs du Palais des sports de Bercy, elle disparaît. Histoire de vivre sa vie, et faire des enfants. Lors du casting pour Candice Renoir, en 2012, son sac déborde de couches et de Pom’Potes. C’est pour cette proximité avec le personnage de Candice – à la fois mère débordée et flic ultra-compétente – qu’elle obtiendra le rôle. « J’avais senti que ce personnage me parlait beaucoup, explique-t-elle. J’ai senti un écho entre le personnage et moi, mon imagination fourmillait. C’est un personnage assez rare à la télévision. Et beaucoup de choses me séduisaient et me donnaient envie de le jouer. » Très vite, Cécile Bois devient la bonne copine des mères célibataires qui rentrent, épuisées, après une semaine de boulot.

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Cette célébrité, elle la vit en retenue, comme si elle craignait de prendre goût au succès, qu’elle sait éphémère. « Je ne suis pas d’une nature très légère, confie-t-elle. Par exemple, je ne suis plus l’actualité… Elle est trop anxiogène. Et, lors de la première saison, je n’ai pas su m’enthousiasmer tout de suite. En fait, plus il y a du succès, plus je me mets la pression. Je me suis dit : “Il va falloir être à la hauteur et tenir les promesses.” Je ne vis pas la joie détachée et enthousiaste, je ne sais pas bien faire ça. »

Miroir de la femme moderne

Quand on voit Candice, on croit voir Cécile dans son intimité. Oui, Candice est un peu le miroir de la femme (et de la famille) moderne. D’ailleurs, Cécile Bois confirme que « la série réunit toutes les générations, de la grand-mère à la petite-fille. Certaines ont même converti leur mari ! » On comprend que les photos volées d’elle soient alors inutiles : elles ressembleraient trop à celles que nous avons tous dans nos smartphones.

D’ailleurs, Cécile sait bien que c’est Candice que les fans abordent avec « chaleur, sympathie et bienveillance ». Répondre présente pour les fans « dans la  mesure de (ses) possibilités », c’est une règle pour elle.

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Mais c’est toujours Cécile qui pose pour les selfies, signe les autographes, répond aux emails et sur les réseaux sociaux. « J’essaie de rendre ce qu’on me donne. ça peut être un mot, un sourire, une émoji. En revanche, je ne joue pas à être Candice. Je ne joue que sur un plateau. » C’est peut-être cela, le succès de cette célébrité en équilibre : ne jamais se confondre avec son personnage, ne jamais s’oublier sous le masque. Jacques Tiberi