Peu de temps après la réélection d’Emmanuel Macron, les auteurs Louison, Dorothée de Monfreid, Kokopello, Mathieu Sapin, Lara et Morgan Navarro ont sorti la bande dessinée Carnets de campagne (chez Dargaud, Seuil). Pendant plusieurs mois, ils et elles ont suivi (et croqué) les principaux postulants à la fonction suprême pour raconter cette présidentielle si spéciale. On l’a lu. Spoiler : c’est réussi !
Il nous avait confié qu’il souhaitait poursuivre l’aventure. Banco : après avoir suivi les députés pour son album Palais Bourbon, Kokopello, qui avait répondu à nos questions pour un ex-opus du Zéphyr (le n°9), a suivi la dernière campagne présidentielle. Cette fois, avec d’autres auteurs. Et non des moindres. Louison, Dorothée de Monfreid, Mathieu Sapin, Lara et Morgan Navarro ont participé à cette petite aventure. Pendant plusieurs semaines, Kokopello et ses ami.e.s ont suivi les péripéties et les déplacements d’Emmanuel Macron, de Jean-Luc Mélenchon, de Fabien Roussel, d’Anne Hidalgo, de Yannick Jadot, de Valérie Pécresse, de Jean Lassalle, de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour.
Et on a plaisir à remonter le fil des événements, les meetings phares, ceux qui allaient tout changer et créer enfin une dynamique (ou pas), les petites phrases des uns, le doigt d’honneur des autres (« Ben voyons »), le salon de l’Agriculture, la célèbre cravate de Jadot, les galères des parrainages, les émissions télé qui fatiguent, les débats parfois inaudibles entre candidats. Mais surtout : la guerre en Ukraine, qui a rendu cette campagne si particulière, si mystérieuse, si imprévisible.
A lire aussi : Kokopello, comme une petite souris
Ils racontent, rendent compte avec humour
Au commencement, Emmanuel Macron ne s’est pas encore présenté, on n’a pas la liste de tous les prétendants, mais les auteurs, un crayon à la main et avec beaucoup d’autodérision, partent en campagne. Ils suivent les équipes des principaux postulants. On les retrouve dans des cafés, dans les coulisses d’un entretien télévisé, avant un grand meeting, sur la route loin de tout, en compagnie de militants parfois surmotivés, de responsables de communication ou de journalistes politiques, avec qui ils discutent, rient, attendent les candidats en retard, débriefent, commentent les sondages, s’interrogent sur le résultat final du premier tour.
A lire aussi : « Le Bleu est une couleur chaude » : la BD qui a tout changé pour Agathe
Ils bougent, ils rencontrent, ils rendent compte. Parfois, tout se passe comme prévu. Parfois, tout est remis en cause. Un virus qui débarque et, patatras, Dorothée, confinée, ne peut se rendre à la marche pour le climat. Un coup de fil de Mathieu Sapin, et, hop, Kokopello doit mettre fin à une conversation avec Jean Lassalle pour « rappliquer » à toute allure à Paris. Priorité au direct. Valérie Pécresse, que le dessinateur suit, s’apprête à débattre avec le candidat Reconquête. Oh joie !
Dans les pages, les dessinateurs se mettent en scène. Ils se retrouvent, échangent et se chambrent. Ils doutent, se questionnent, se moquent gentiment et discrètement. Ils nous le font savoir. Leur témoignage est précieux. Les planches, on les déguste, et, en terminant, on se demande : c’est quand, le prochain ? / Philippe Lesaffre