L’association HOP, en compagnie de Make.org fondation, organise chaque année les Journées nationales de la réparation pour aider les uns et les autres à s’y mettre. On en parle avec Rémi Reboux, chargé de mobilisation au sein de l’association.
Propos recueillis par Philippe Lesaffre
La deuxième édition de ces Journées a lieu le 18, le 19 et 20 octobre un peu partout sur le territoire.
« Faire connaître les solutions »
Pourquoi des journées de réparation ont-elles été imaginées au départ ?
Rémi Reboux : Les Journées nationales de réparation, organisées cette année entre le 18 et 20 octobre (la deuxième édition), ont été imaginées avec Make.org Foundation. Même si la prise de conscience sur l’impact environnemental de notre consommation prend de l’ampleur dans la société, seuls 36 % des Français ont pris le réflexe de réparer ou de faire réparer leurs biens. Il a donc été décidé, l’an dernier, d’imaginer un RDV grand public et fédérateur sur le secteur de la réparation, un peu à l’instar des Journées du patrimoine.
L’objectif est de donner envie de s’y mettre et de faire connaître tout ce qui se fait sur le territoire, de valoriser les acteurs de la réparation, les associations, les repair-cafés, les ressourceries, les artisans, les petites entreprises, mais aussi la grande distribution sautant le pas. Ce qui permet d’évoquer les enjeux et les freins qui empêchent la réparation de se développer. Pourtant, c’est utile pour faire face à l’urgence climatique. Il reste du travail et une progression possible.
Comment expliquer le retard et de quelle manière s’y prendre pour que les choses avancent dans la bonne direction ?
Certains secteurs sont plus en avance que d’autres, comme la téléphonie ou les gros électroménagers. En ce qui concerne le retard, les facteurs sont multiples : le manque d’acteurs de la réparation sur le territoire, leur visibilité ainsi que leur notoriété sur une zone donnée. Il faut les faire connaître, ces acteurs de la réparation…
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Afin d’aider les citoyens, des solutions existent, comme le bonus réparation qui marche sur un certain nombre de produits, et qui s’étend à différentes catégories d’articles. Toutefois, l’outil est assez récent et il est encore peu utilisé. Cela prend beaucoup de temps de le faire connaître… Il convient d’augmenter le nombre d’acteurs labellisés et sans doute d’améliorer certaines choses pour qu’on comprenne mieux comment le bonus fonctionne. Ce n’est pas toujours très clair. Le bonus est vraiment perfectible.
Cela tient aussi au fait que de nombreux produits ne sont toujours pas réparables…
Tout à fait. Il faut alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’avoir un droit à la réparation, celui-ci doit être absolument respecté. Les biens mis sur le marché doivent être pensés comme réparables dès le départ. Et il faut que ce soit clair pour les citoyens. Il ne s’agit pas de culpabiliser les « consommateurs », mais de pousser les acteurs économiques à proposer des produits réparables et donc plus durables.
Il y a aussi l’obstacle du coût de la réparation encore élevé…
Le prix est le principal frein pour 70 % des personnes. L’Adème considère que si le coût de la réparation dépasse un tiers du prix de l’objet neuf ce ne sera pas incitatif. Cela se comprend, bien sûr. La réparation pourrait être plus accessible, on peut agir en diminuant le prix des pièces détachées, en les rendant davantage disponibles sur le marché. Et dans la durée.
Vous sensibilisez mais vous allez aussi plus loin dans les actions afin que les choses bougent…
Il faut qu’il y ait toujours plus de transparence sur le sujet, Hop s’est notamment battu pour qu’un indice de réparabilité voie le jour, un indice qu’on a voulu le plus ambitieux possible (les industriels déterminent l’indice de leurs produits à partir d’un cahier de charges validé par les pouvoirs publics, ndlr). Maintenant, il existe sur certains types de produits. Le marqueur, qui tend à se transformer en un indice de durabilité, n’est pas parfait, mais reste un outil de comparaison bien utile. C’est mieux que rien.
Tout de même, la communication du côté des entreprises se doit d’être toujours plus précise, les gens qui achètent doivent savoir si c’est réparable et durable.
Il y a toutefois une prise de conscience sur la réparabilité des produits mis sur le marché. Hop a mis en place un club de la durabilité, regroupant des entreprises avec lesquelles l’association échange et travaille, tant sur la formation que sur le plaidoyer. Les pratiques au niveau de la réparation progressent, il y a du mieux, mais il reste du chemin pour que l’ensemble des biens soient bien durables.
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« Le combat face aux gros n’est pas toujours simple, mais on se bat »
De façon générale, nous continuons d’analyser les produits dans différents secteurs et d’étudier les acteurs. Nous avons récemment sorti un rapport sur le secteur de l’automobile. Les Français ont l’habitude de faire réparer leur véhicule, mais les pratiques du côté des professionnels n’évoluent pas forcément dans le bon sens, rendant parfois la réparation plus compliquée.
Hop reste sur ses gardes. L’une des missions est également de poursuivre les acteurs aux pratiques problématiques d’obsolescence programmée, par exemple on avait porté plainte contre la société Apple. C’est un délit en France. Le combat n’est pas toujours simple face aux monstres.
Mais on ne lâche rien, ce que nous faisons avec d’autres acteurs (à l’instar du réseau national des ressourceries, des recycleries, de réseaux de tiers-lieux, des chambres de métiers de l’artisanat) n’est pas vain…