L’océan se dégrade, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, mais, pour autant, entend-on leur cri d’alerte ?
M.A.J 25/4/2022, au lendemain de la présidentielle : Selon de nombreuses associations (comme l’a rapporté le média Vert), seuls Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot avaient présenté un programme visant à vraiment sauvegarder le vivant et limiter le réchauffement climatique. Deux candidats ayant été éliminés au premier tour du scrutin. Emmanuel Macron, durant l’entre-deux-tours, a essayé de récupérer les voix de la France insoumise et de la candidature soutenue par EELV, en se présentant comme le candidat pro-environnement. Sa politique « sera écologique ou ne sera pas », a-t-il répété à maintes reprises.
Surtout par rapport à Marine Le Pen, que le président sortant a qualifié de « climatosceptique« , lors du grand débat. Le 24 avril, il a été réélu, notamment grâce à de nombreux électeurs ayant voulu faire barrage au Rassemblement national. D’ailleurs, après sa victoire, il l’a admis : “Ce vote m’oblige pour les années à venir. Je suis dépositaire de leur sens du devoir.”
L‘océan nous nourrit, nous inspire. Méconnu autant que mystérieux, il est surtout vital, pour nous, en agissant tel un poumon. Il régule le climat, et c’est un puits de carbone, capable d’absorber 25 % de dioxyde de carbone. Les modification du climat se sont toujours produites sur la planète bleue, mais à une vitesse sans précédent. Or, le réchauffement de l’air et de l’eau, tant en surface que dans les profondeurs, s’accélère, ce qui contribue à l’acidification croissante des mers. Et donc, « des événements graves se préparent », indique Gilles Boeuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle, cité par Juliette Duquesne et Pierre Rahbi, dans leur livre L’eau que nous sommes, un élément vital en péril (J’ai lu, 2020).
Les coraux en péril
Les événements graves ? La disparition de toutes les espèces, et notamment les coraux qui abritent 25 % de la faune, comme nous l’a rappelé Martin Colognoli dans Le Zéphyr n°12 (voir le sommaire de l’opus). La dégradation de ces vivants, dans lesquels les espèces de toutes les tailles viennent se protéger, se nourrir, se soigner, va se poursuivre. « Tous les coraux ne seront pas détruits, explique le fondateur de Coral Guardian, interrogé par Le Zéphyr, ils s’adapteront. » Mais les espèces qui en dépendent vont être de plus en plus impactées. Seulement les planctons, les poissons ?
Non, les humains aussi, car les coraux ne pourront plus bloquer l’énergie des vagues, et cela pourrait engendrer des catastrophes, comme des tempêtes de plus en plus fréquentes sur le littoral. Selon le livre issu de la collection « Carnets d’alertes », le réchauffement impactera le niveau de la mer aussi (qui pourra monter jusqu’à un mètre sans doute d’ici la fin du siècle, en raison de la fonte des banquises, dont parlait l’autrice et glaciologue Lydie Lescarmontier, dans Le Zéphyr n°11).
Une des (autres) conséquences du réchauffement c’est que l’oxygène n’arrive plus à atteindre les profondeurs, ce qui est problématique pour la faune et la flore : « En 50 ans, écrit dans son ouvrage Juliette Duquesne, la proportion des zones en haute mer totalement privées d’oxygène, appelées zones mortes, a plus que quadruplé. » Et au final, « depuis 50 ans, l’océan a perdu 2 % de son oxygène ».
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Limiter la pêche, protéger la mer
De par nos activités, on abîme ces immensités fragiles, on jette dans les eaux du plastique, de taille visible ou non, on pille l’océan. On racle les fonds, on surpêche ; certaines espèces n’arrivent plus à se reproduire à temps… Il faut, écrit Juliette Duquesne, « préserver les ressources » et les zones maritimes pour que les poissons reviennent.
Et cela fonctionne ! C’est flagrant ! Le photographe Martin Colognoli l’a remarqué là où son association de préservation de l’environnement agit, en mer de Florès, en Indonésie, pour la restauration du corail (commandez la revue pour lire son interview qu’il nous a accordé). En France, près de 22 % de l’espace est protégé selon le gouvernement. Un chiffre que remet d’ailleurs en question Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, dans un entretien dans Le Zéphyr n°12. Qui l’assure : on peut relâcher la pression sur le vivant en créant de véritables aires marines et ainsi cesser les activités industrielles et réduire la pêche, pour sauver les animaux…
Aura-t-on le courage ? L’heure tourne, indique le Giec, dans son dernier rapport, en avril 2022, il nous reste peu de temps. / Philippe Lesaffre