Nadia Volf est docteur en médecine et experte en acupuncture. Son but : combiner science moderne et sagesse ancestrale. Son maître-mot : soulager les patients.

les couvertures du Zéphyr

Au fil de ses travaux sur la santé et la longévité, Nadia Volf – docteur ès sciences, agrégée en neuro-pharmacologie – s’est intéressée à l’acupuncture.  Elle l’enseigne à présent dans les facultés de médecine de l’université Paris XI-Sud et Harvard. Auteure de huit livres traduits en douze langues, son dernier ouvrage Les mystères de l’oreille, les secrets du bien-être (éditions Assouline), met en avant le rôle insoupçonné de cet organe. Il révèle les pouvoirs extraordinaires des points auriculaires et donne les clés pour apprendre à apaiser les maux quotidiens. Rencontre avec une femme qui n’a pour seul maître-mot que celui de soulager.

Soulager les douleurs

Est-ce que l’acupuncture soulage, soigne, guérit ou est-ce simplement un placebo ?

Scientifiquement, il est prouvé que l’acupuncture est efficace pour soulager la souffrance, mais aussi pour guérir les maladies et surtout pour les prévenir. Pour démontrer son action, on établit une comparaison à la stimulation des points « placébo » des zones du corps non actives. Les preuves sont formelles. L’acupuncture est significativement plus efficace que l’effet placebo.

les mystères de l'oreille et l'acupuncture

Quels sont ses champs d’action ?

Ils sont nombreux. C’est une approche thérapeutique complémentaire. Elle est valable pour tous les domaines médicaux. Bien évidemment, la technique sera différente selon les problèmes. L’acupuncture peut soulager les douleurs, guérir les simples algies lombaires ou cervicales, les contractures de certains muscles, les dysfonctionnements des organes respiratoires et digestifs. Elle permet d’équilibrer le fond hormonal et l’état émotionnel, d’optimiser le sommeil, de trouver le confort psychologique et stimule nos propres forces immunitaires et anti-inflammatoires.

Dans le cas de maladies chroniques, elle est très efficace en complément de toutes les autres formes de traitement. Une de ses spécificités est d’apaiser les effets secondaires de la chimiothérapie tels que les nausées, les vomissements, les douleurs, les neuropathies, de combattre la fatigue. L’acupuncture favorise les performances sportives, les capacités en endurance et inhibe statistiquement le stress avant les compétitions ou avant les examens. Elle réveille les défenses immunitaires et a un effet anti-spasmodique ainsi qu’antalgique. Il est même possible d’opérer sous acupuncture et, en tout cas, d’accélérer la récupération après l’opération.

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Les « bébés acupuncture »

Elle soulage la douleur et les autres symptômes postopératoires tout en diminuant significativement les quantités des médicaments nécessaires et donc, leurs effets toxiques. L’acupuncture est également favorable pour tomber enceinte. En effet, elle stimule la fertilité et augmente significativement le succès de la procréation médicale assistée. Pendant la grossesse, son action calme les nausées, les vomissements, les rétentions d’eau, le mal de dos et aux cervicales, les insomnies et les angoisses. Elle stimule l’oxygénation placentaire qui est très bénéfique au fœtus.

Les recherches scientifiques avaient démontré que les « bébés acupuncture » ont un développement psychomoteur statistiquement supérieur aux autres, jusqu’à l’âge de 7 ans. L’accouchement est mieux préparer, plus rapide et les douleurs diminuées. Quant aux bébés, dès leur naissance, l’acupuncture permet d’apaiser leurs coliques, leurs régurgitations et améliore leur sommeil. La technique employée est adaptée et totalement indolore. La lumière du laser infrarouge remplace les traditionnelles aiguilles.

Décoder les points auriculaires

Qu’est-ce l’auriculothérapie ?

Dans le cerveau, nous avons la représentation de tous les organes du corps. Il est au courant de tout ce qui s’y passe à chaque instant. Cette information se reproduit dans l’oreille externe. Elle renseigne également sur le dysfonctionnement d’un organe. Le pavillon de l’oreille est le tableau de bord du corps humain. Le fait d’appuyer sur le point auriculaire apporte un message de stimulation dans la zone cérébrale correspondante à l’organe en question et régularise tout de suite son fonctionnement et inhibe la douleur. C’est ce qu’on appelle « décoder les points auriculaires ». Tout le monde peut le faire. C’est important de les connaître. On peut ainsi atténuer un mal de tête, de ventre, de dos ou un torticolis, calmer le stress. Il serait dommage de ne pas l’utiliser.

Sommes-nous tous égaux face à cette pratique ?

Il n’y a pas de personne plus ou moins réceptive. C’est un système physiologique de notre organisme qui existe chez tout le monde. Chaque fois qu’on appuie sur un point du pavillon de l’oreille, le message sera inévitablement conduit à une zone précise du cerveau correspondant à un endroit du corps. Cela va activer son fonctionnement et inhiber la douleur. C’est accessible à tous. Chaque personne peut soulager les petits maux quotidiens ; à la différence du médecin acupuncteur qui utilisera ces techniques d’une façon beaucoup plus avancée afin de véritablement soigner les maladies.

Une seule séance suffit-elle ?

Chaque personne est considérée dans son individualité et le traitement sera différent pour chacun.

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Initiée

Chez soi, pour soulager les petits inconforts quotidiens, il est possible de masser les points de l’oreille tous les jours et même plusieurs fois dans la journée. Ça ne peut faire que du bien. Le médecin acupuncteur va quant à lui adapter son traitement à chaque personne et à ses besoins.

Comment êtes-vous venue à pratiquer l’acupuncture ?

À l’âge de 13 ans, mon père est tombé malade. C’est une femme médecin acupuncteur qui l’a sauvé. Je lui ai demandé de m’enseigner sa technique dans l’éventualité où ça se reproduirait. Je voulais être capable de le soulager. Mais, pour pratiquer, il fallait être médecin. Alors, elle m’a initiée. Je venais tous les jours dans son cabinet à l’hôpital, je passais tout mon temps libre, tous les week-ends et toutes les vacances avec elle. Elle m’a appris à accueillir les patients, à suivre ses consultations et m’a enseigné l’art de l’acupuncture. Puis, je suis rentrée à la faculté de médecine. Parallèlement à mes études, j’ai commencé des recherches scientifiques pour trouver les mécanismes d’action de l’acupuncture et pour démontrer scientifiquement son efficacité.

Quel est votre but ?

Soulager les gens, toujours et avant tout pour leur enlever leurs souffrances. Répandre les connaissances des points du pavillon de l’oreille et de l’acupuncture. Porter le flambeau aux générations futures pour que ça continue. Ça fait 5 000 ans. Il n’y a pas de raison pour que ça s’arrête. L’Académie de médecine française considère l’acupuncture comme « une thérapie complémentaire » et, pourtant, son efficacité clinique a bien été démontrée.

Est-elle reconnue comme une science complémentaire de la médecine moderne ?

De nombreuses preuves scientifiques ont validé l’action des points de l’oreille externe et de l’acupuncture. Elles ont ainsi contribué à sa reconnaissance par l’Organisation mondiale de la santé, l’Académie de médecine, l’Académie de science, l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris et d’autres hautes instances. Cela a également changé le regard du corps médical. Les médecins admettent désormais l’efficacité de ces techniques qui tiennent une place légitime dans l’arsenal thérapeutique.

Pour preuve, elles sont enseignées à la faculté de médecine. Chaque année, des médecins de spécialités différentes viennent apprendre l’acupuncture pour ensuite l’appliquer dans leur pratique quotidienne en complément des autres formes thérapeutiques. Les points auriculaires permettent de connaître la cause, la source et les racines du développement du symptôme ou d’une pathologique et, donc, de prévenir les maladies. Le diagnostic auriculaire est parfaitement complémentaire au diagnostic médical classique. Il permet d’en cibler l’approche. L’acupuncture est donc additionnelle et légitime.

Vous avez obtenu le diplôme rouge de major à la faculté de médecine et êtes devenue la plus jeune professeure agrégée en neuropharmacologie de l’URSS. Mais en 1990, face aux injustices, l’antisémitisme et les persécutions politiques, vous fuyez Leningrad pour Nîmes. Où avez-vous trouvé la force de tout recommencer ?

Ma force n’a pas été celle d’un bulldozer. Elle est née de la passion et de l’amour. J’ai surtout eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires qui ont été d’une grande solidarité à mon égard quand je suis arrivée en France. La seule façon que j’avais de les remercier était de prendre soin d’eux avec ce que je savais faire : l’acupuncture.

Propos recueillis par Daphné Victor