Footballeur aux multiples récompenses, Mohamed Aboutrika est également un citoyen engagé qui est désormais traqué par le pouvoir pour ses opinions.

les couvertures du Zéphyr

« En matière de football Mohamed Aboutrika est en Égypte ce que Zidane représente pour nous en France. C’est une légende, un leader technique hors pair », assure le journaliste Frédéric Nyongha Nkeuna. Tout est dit sur ce joueur légendaire, devenu une figure politique locale… et un ennemi de l’Etat. Récit.

Nous sommes le 10 février 2006 au Caire. Il est près de 19 heures. Un homme se tient seul au cœur d’une place écrasée de chaleur. Il s’apprête à tirer. Autour de lui, des milliers de personnes retiennent leur souffle en attendant de voir de quel côté partira la balle. Cet homme s’appelle Mohamed Aboutrika et il va délivrer l’Égypte pour quelques heures. Non loin de là, deux yeux l’observent. Ce sont ceux d’Hosni Moubarak. Comme pour l’Argentine lors de la Coupe du Monde de 1978, le pouvoir veut que la finale de cette Coupe d’Afrique des nations soit une démonstration de force.

Bien que contesté, le Raïs a vu les choses en grand. Les deux semaines de compétition ont permis aux Égyptiens de prétendre au titre continental, et cette soirée doit être le clou du spectacle. Moubarak le sait. Aboutrika aussi, quand vient son heure lors de la séance de tirs au but. Il est le dernier de la liste, celui sur qui repose l’issue de cette finale haletante. 120 minutes n’ont pas suffi à départager l’Égypte et la Côte d’Ivoire, les deux meilleures équipes de cette édition 2006. Tout se joue maintenant.

CAN 2006

Emmenée par un Didier Drogba survolté, la Côte d’Ivoire s’était défaite du redoutable Nigeria au tour précédent. Un unique but avait alors permis aux Éléphants de l’emporter. Mais pour l’ultime challenge, c’est une équipe soutenue par tout un peuple qui se dresse face à eux. L’Égypte et ses cadres attendent ce moment depuis 1998. A l’époque, les Pharaons avaient renversé l’Afrique du Sud grâce à la précision d’Ahmed Hassan et de Tarek Mostafa.

Mais depuis, plus aucun titre n’était venu garnir le palmarès de la sélection. Trois éditions de suite au-delà de la quatrième place… un peu court pour l’une des nations majeures du continent. Et c’est dans un esprit de reconquête qui confine pratiquement à l’esprit de vengeance que les hommes de Hassan Shehata entament cette finale. Une finale qu’Aboutrika, du haut de son statut de leader, compte bien remporter.

Quelques heures avant le coup d’envoi, le bus ivoirien était attendu par un comité d’accueil intimidant. « Une spécialité locale. Les gens adorent emmerder les équipes adverses ici », comme l’assure Henri Michel, le sélectionneur de l’équipe. Un barrage routier bloque en effet le convoi et retarde l’arrivée des joueurs. Au cours d’une interview, Didier Drogba avait annoncé que l’ambiance serait chaude et que les siens n’emporteraient le trophée qu’en faisant abstraction de ces conditions défavorables. Il avait raison.

Dans le Stade international du Caire, une enceinte bâtie en 1960 et rénovée en 2004, l’air frémit. Il brûle la peau et les esprits. Ici, 75 000 personnes sont massées dans les tribunes et n’ont d’yeux que pour les rouges. Les supporters d’Al-Ahly son chez eux. Ils affichent l’aigle noir de leur club pour soutenir leur idole. Aboutrika fait vibrer les filets de l’enceinte depuis de nombreuses années et chacun, ici, lui voue un culte sans bornes.

Dès le coup d’envoi, les attaquants égyptiens se mettent en évidence. Galvanisés par le feu qui semble couler des tribunes, ils courent dans la fournaise et se ruent sur les cages de l’Ivoirien Tizié. Le gardien est sollicité une première fois. Puis une seconde, quelques minutes plus tard. Portés par les leurs, les Cairotes poussent et tentent d’exploiter toutes les failles adverses. Seule la frappe d’Akalé en fin de première mi-temps vient contredire l’ascendant pris par les locaux. La seconde période est plus équilibrée : Ivoiriens et Égyptiens se rendent coup pour coup. Bakary Koné, l’ailier de poche, se sent pousser des ailes et parvient à faire douter la défense adverse.

Mais ses efforts restent vains. Les deux équipes s’enfoncent vers des prolongations qui s’annoncent tendues. Et elles le seront. L’arbitre tunisien de cette finale semble en effet très conciliant avec l’équipe hôte de cette finale. Un penalty sur une faute imaginaire de Kouassy sur Barakat ainsi qu’une série de cartons jaunes distribués aux Ivoiriens… Le doute s’installe chez les joueurs d’Henri Michel à mesure que le milieu de terrain cairote distille les passes et envoie ses attaquants en orbite. Le futur joueur africain de l’année 2006 porte littéralement son équipe.

Souvenir indélébile

Enfin, la séance de tirs au but. Bibles et corans sortent des poches tandis que la clameur du public laisse progressivement place au silence des superstitieux. L’heure est aux suppliques. En quart de finale, les Ivoiriens ont battu le Cameroun après une interminable séance remportée 12 à 11. Un score prompt à marquer les esprits. Hassan doit ouvrir la série. Il ne tremble pas et trompe Tizié d’un joli plat du pied. Foudroyant son vis-à-vis du regard, Didier Drogba s’avance à son tour. Mais l’esbroufe ne suffit pas. Son tir est contré par el-Hadary. Un tireur, puis deux… Les tours s’enchaînent et, seul dans son coin, Aboutrika se concentre en attendant que son heure vienne.

Après quelques minutes étouffantes, l’Égypte mène 3 à 2. Si le dernier tireur marque, les Pharaons remportent le titre. Derrière lui, 73 millions d’Égyptiens se sont rassemblés sans un bruit. Tous espèrent voir trembler les filets. La balle part côté gauche. Tizié est battu. En se relevant, le malheureux gardien ne peut apercevoir qu’un maillot rouge flottant dans l’air brûlant. Ce maillot, c’est celui d’Aboutrika. L’idole d’Al-Ahly, dont les fidèles sont venus si nombreux, vient de mettre un point final à cette finale dantesque, là, dans son propre jardin. Cet exploit, le meneur de jeu le renouvellera dans deux ans. En 2008, le Magicien marque face au Cameroun de Samuel Eto’o et de Stephane M’Bia et permet à l’Égypte d’accrocher une nouvelle étoile à son écusson.

Journaliste spécialiste du football égyptien, Frédéric Nyongha Nkeuna était présent au stade pour assister à la finale. Il se souvient d’un match âpre, et d’une ferveur inimaginable. « Il s’agit d’un souvenir indélébile. Ce jour-là, la tension était palpable et la sécurité extrêmement renforcée. A 11 heures, le stade du Caire était pratiquement plein à craquer. Femmes, hommes, familles, jeunes, vieux… tous avaient fait le déplacement et arboré les couleurs du drapeau égyptien. L’enthousiasme était à son paroxysme : en effet, et comme quelques mois auparavant, l’Égypte n’avait pas su se qualifier pour le Mondial 2006, les supporters n’attendaient pas moins que la victoire de la CAN à la maison. »

Alors envoyé spécial, il a assisté à l’agonie progressive d’Ivoiriens dépassés par une équipe portée par tout un stade. « Pendant le match, le stade était en fusion et les joueurs égyptiens étaient exaltés. Les Ivoiriens étaient en difficultés et réagissaient par à-coups avec leurs individualités comme Drogba ou Kalou. Le rapport de force entre l’Égypte et la Côte d’Ivoire s’était équilibré puisqu’au premier tour les Éléphants avaient facilement pris le meilleur sur les Pharaons. » Mais loin de se laisser impressionner par l’ascendant pris lors des phases préliminaires de la compétition, Aboutrika a remotivé ses troupes et porté un discours offensif dans les vestiaires.

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révolte égypte football

La horde

1er février 2012… Six ans se sont écoulés depuis le triomphe des Pharaons sur la pelouse du Stade international du Caire. Aux vivats de la foule a succédé la rumeur sourde d’une révolution sanglante. Hosni Moubarak ne décernera plus aucune médaille aux champions. Un an plus tôt, le mouvement de révolte de la place Tahrir a eu raison de sa ténacité. Une longue période de transition s’amorce alors que des forces antagoniques s’emparent des rues. Militaires contre islamistes, chacun lutte désormais pour récupérer les lambeaux d’un drapeau dont l’aigle est devenu bicéphale. C’est dans ce contexte électrique qu’Al-Ahly gagne les rives de la méditerranée. Les Cairotes dominent le championnat lorsque leur bus arrive à Port-Saïd pour y affronter Al-Masri.

Le match est tendu. Les tacles sont durs et l’ambiance en tribunes est électrique. De part et d’autres du stade, les supporters se toisent, s’insultent et se jettent divers projectiles. Les équipiers de Mohamed Aboutrika tentent de combiner au milieu de terrain. Mais après quatre-vingt minutes d’échanges musclés, le club local l’emporte sur le leader du championnat. 3-1, une belle victoire qui, quelques instants plus tard, va basculer dans l’oubli.

Dès le coup de sifflet final, des centaines de supporters (s’il nous est permis d’employer ce terme) d’Al-Masri se ruent sur la pelouse pour attaquer les joueurs et les fans d’Al-Ahly. Aboutrika, comme ses équipiers, est pris pour cible. A plusieurs reprises, des coups lui sont portés avant qu’il n’atteigne les vestiaires. Les quelques policiers dépêchés sur les lieux s’attroupent pour couvrir la sortie des joueurs sans se préoccuper de la boucherie qui s’annonce. Armée de barres de fer et de couteaux, la horde grouillante attaque les joueurs adverses et se dirige vers la tribune où se massent encore les cairotes. Ils y vont pour en tuer le plus possible. Apathiques, les forces de l’ordre assistent au spectacle sanglant sans esquisser le moindre geste.

Seul l’acte isolé d’un homme en uniforme aura permis de sauver des centaines de vies. Acculés le long d’une barrière verrouillée, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants n’ont dû leur salut qu’au geste isolé d’un policier qui, d’un coup de crosse, est parvenu à faire sauter le cadenas qui les retenait.

Partout, la mort. Traqués jusque dans les entrailles du stade, certains fans d’Al-Ahly rendent leur dernier souffle dans les bras de leurs joueurs. Au total, soixante-quatorze personnes, dont soixante-douze Cairotes ont perdu la vie durant cette émeute. Une émeute dont Aboutrika et ses compagnons gardent un souvenir terrible. « c’était la guerre. Les gens mourraient partout autour de nous. Ce n’est pas le football. Ces gens resteront toujours dans ma mémoire. Nous avons assisté à leur mort», déclare l’idole du Stade international tandis que son entraîneur, le portugais Manuel José assure que « des gens étaient en train de se faire réanimer, d’autres étaient déjà morts ; dans notre vestiaire, il y avait des cadavres. » La finale de la CAN 2006 est loin, si loin.

Passé le décompte des victimes et l’évacuation des centaines de blessés, les regards se tournent vers les forces de l’ordre. Comment la police a-t-elle permis ce massacre ? Pourquoi a-t-elle contraint la fédération égyptienne de football à briser le huis-clos prévu pour ce match ? Qui sont ces hommes en uniforme qui, aux dires des survivants, ont refusé d’ouvrir les issues de secours du stade de Port Saïd tout en facilitant le passage des assaillants dans les tribunes ? De part et d’autre du spectre politique, chacun accuse son voisin.

Alors en course pour prendre le pouvoir, les Frères musulmans assurent qu’il s’agit d’un attentat perpétré par les partisans d’Hosni Moubarak et que l’armée a joué un rôle dans la catastrophe. Le spectre de l’ancien régime rode encore dans les têtes et les dissensions sont nombreuses dans les rues du Caire. Traumatisés par cette expérience, Aboutrika, Motaeb et Barakat annoncent leur retraite avant de se raviser pour poursuivre leur route sous les couleurs du club du Caire. Le milieu de terrain participera ainsi à la campagne malheureuse de la qualification pour le mondial 2014.

une équipe de foot

Lire aussi : le portrait de Peshraw Azizi, joueur de foot kurde, immigré en Europe et devenu capitaine d’un club national suédois.

« J’ai perdu l’un de mes frères »

Supporter d’Al-Ahly, Abdoul était au stade avec ses deux frères lors du tragique match de février 2012 et pourrait, selon ses propres mots, dessiner toute la scène, seconde après seconde. « Cette soirée est gravée pour toujours dans ma mémoire. Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu là-bas », assure-t-il. « J’ai perdu l’un de mes frères. Il est mort sur la pelouse du stade. Nous courrions pour distancer les assassins. J’ai réussi à m’échapper avec Hakim, le plus jeune. Mais pour Ahmed, c’était trop tard. » De trois ans son aîné, Ahmed succombe de ses blessures avant l’arrivée des maigres secours dépêchés sur place. Pour Abdoul, les coupables sont tout désignés.

« C’est l’armée ! Ces chiens à la solde de Moubarak et du régime actuel sont derrière tout ça. » Père de famille, l’homme de 43 ans n’en est pas moins membre des brigades ultras d’Al-Ahly. Et il défend cette appartenance comme une part de son identité. « Être ultra d’Al-Ahly, ça signifie beaucoup. Ça signifie que l’on se dresse face aux oppresseurs et à l’armée. Ça signifie qu’on refuse les magouilles des politiques. Nous sommes libres et nous sommes pourchassés à cause de cette liberté. »

Cette liberté qu’Abdoul décrit, Aboutrika la porte également en lui. Qu’importe la justesse du propos et de la démarche. En Égypte, exprimer une opinion tranchée est une prise de risque ; surtout lorsque l’on est un porte étendard de la société. Au sein de la Fédération égyptienne de football, c’est l’embarras qui prédomine. Personne ne souhaite s’exprimer ouvertement depuis que le pouvoir a dirigé sa colère contre l’ancienne star de la sélection. Seules quelques voix s’élèvent sous couvert d’anonymat pour parler d’un homme « franc et sincère, toujours aimable avec ses interlocuteurs ».

Une personne qui l’a notamment côtoyé à la Fédération assure que la campagne de dénigrement dont il fait l’objet n’est pas due au hasard. Il s’agirait, selon ce témoin, d’un moyen de faire taire un homme qui n’a jamais caché sa proximité avec les Frères musulmans et son hostilité au pouvoir militaire qui tient le pays depuis l’avènement du maréchal Al-Sissi.

Dès les premières heures du soulèvement de la place Tahrir, Aboutrika s’engage, se déplace et soutient sans ambiguïté la protestation populaire. Las des abus répétés des forces de l’ordre, du chômage massif et de la pauvreté, une part de la population s’est en effet rassemblée sur cette place hautement symbolique du Caire pour réclamer justice. Au cœur des cortèges qui s’ébranlent depuis cette source bouillonnante, des ultras d’Al-Ahly mais également du Zamalek, le club rival, sont présents en nombre. Ils forment un noyau très actif sur le front des contestations. Des apparition de l’idole, des graffitis constellent bientôt les murs pelés des environs.

Abdoul, l’un des supporters marqué par le drame de Port-Saïd se souvient d’avoir croisé Aboutrika à Tahrir. « Malgré l’agitation, les gens formaient un passage devant lui. Des jeunes se regardaient et s’interpellaient en se demandant si c’était bien lui. J’ai eu la chance de me retrouver face à Aboutrika. Il m’a serré la main, m’a tapé sur l’épaule, et il a continué son chemin. »

N’ayant jamais dissimulé ses liens avec la confrérie, Aboutrika prend position, lors de la campagne présidentielle de 2012, pour le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi. Présenté sous l’étiquette du parti Liberté et Justice, ce dernier remporte le premier scrutin démocratique de l’histoire du pays. Un succès de courte durée pour ce fils de paysan du delta du Nil. Élu en juin 2012, il est finalement destitué un an plus tard.

A la faveur d’un coup d’état, l’armée le renverse en juillet 2013 après une nouvelle flambée de protestations populaire et installe Abdel Fattah Al-Sissi à la tête du pays. Les nouveaux maîtres du pays ont la rancune tenace. Outre les procès expéditifs visant à éliminer les leaders des Frères musulmans et classer l’organisation comme ennemi d’état, les regards se tournent vers Aboutrika.

Le joueur, selon ses accusateurs, financerait la confrérie. L’adjoint du ministre de la Défense, qui est accessoirement président de la commission de la gestion de l’argent des Frères, a fait saisir les biens et les avoirs du joueur. Créée sous le règne de Morsi, son agence de voyage a également été saisie et ses activités gelées le temps d’une inspection approfondie. Selon des éléments de l’enquête diligentée par le pouvoir, la société aurait servi à financer des activités de la confrérie. Très actif sur les réseaux sociaux, l’ancien meneur de jeu des Pharaons s’est directement adressé au pouvoir. « Prenez l’argent, ou prenez celui qui a de l’argent, je ne quitterai pas le pays, et je continuerai à travailler pour sa prospérité. »

Organisé à l’initiative du Pape François, un match pour la paix s’est déroulé en septembre 2014. La rencontre amicale devant opposer deux formations internationales, Aboutrika y est naturellement invité. Une invitation que le milieu de terrain décline cependant pour « ne pas se frotter au mouvement sioniste ». Dans la liste des invités, le joueur Israélien Yossi Benayoun semble être la principale raison de ce boycott. S’exprimant sur son compte Twitter dès le 14 août, l’ancien international égyptien aux 104 sélections a diffusé la photo de l’invitation en déclarant : « Je refuse d’y jouer en raison de la participation du mouvement sioniste. Désolé, nous avons des générations à élever. »

Bien que ses prises de position tranchées et les accusations proférées par le pouvoir lui valent désormais le ressentiment d’une part de la population, Mohamed Aboutrika reste l’une des grandes icônes du football africain. Avec ce visage anguleux que l’on croirait sorti des vestiges de Fayoum, l’ancien meneur de jeu du club le plus titré du pays continue de fasciner au-delà des tribunes du Stade international du Caire. Mohamed Aboutrika n’est pas de ces joueurs que l’on peut résumer par une action, un geste technique ou un exploit. Sur le terrain, le métronome distribue les passes millimétrées et régale le public de gestes d’exception comme lors de la finale 2008 de la ligue des champions africaine opposant Al-Ahly au club tunisien de Sfax.

A la toute dernière seconde, le numéro 22 reçoit une balle renvoyée de la tête par un équipier. Nous sommes à quelques mètres de la surface tunisienne et Aboutrika décide de tenter le tout pour le tout en décochant une reprise de volée à la surprise générale. Distillée du pied gauche, la balle part hors de portée du gardien adverse et se loge dans le petit filet. Le meneur de jeu remporte ce soir-là son troisième trophée continental sous le maillot rouge et noir.

Au soir de la finale 2013 de la ligue des champions, Aboutrika marque une dernière fois l’histoire de son empreinte. Inscrivant le premier but de son équipe et distribuant les passes millimétrées, il est l’un des grands artisans de la nouvelle victoire d’Al-Ahly dans la compétition. Une nouvelle coupe soulevée pour le magicien du Caire. Une ultime page d’un roman sportif haut en couleurs qui se referme enfin sur un palmarès unique en son genre / Jérémy Felkowski