Bien connue pour ses actions d’envergure en mer, l’ONG Sea Shepherd braque les projecteurs sur des situations méconnues. Cette année, l’association s’est attaquée en particulier au projet d’éoliennes en mer en baie de Saint-Brieuc. Rencontre avec Lamya Essemlali, la voix iconique de Sea Shepherd France. “En mer, c’est un carnage sans équivalent sur la Terre”, alerte-t-elle dans une longue interview, à lire dans Le Zéphyr n°12 (réalisée en avril, quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle).
Cet article est un extrait de l’entretien, publié dans Le Zéphyr n°12 – Au plus profond des océans. Découvrez son sommaire, passez commande pour soutenir le média des aventures humaines. Lisez et offrez le magazine !
« Nous luttons contre la pêche illégale mais pas seulement »
Le Zéphyr : D’où vous vient cette envie de défendre le vivant ?
Lamya Essemlali: Il n’y avait rien de prémédité dans mon parcours. Tout est vraiment parti d’une empathie envers les animaux, de laquelle a découlé une prise de conscience. C’est durant mon enfance qu’est né mon attrait pour la défense du monde naturel. En grandissant, le fait de comprendre ce qu’on faisait subir au vivant, la destruction des écosystèmes m’a poussée à m’orienter vers des études pour travailler dans l’écologie. Et j’ai rapidement rencontré le capitaine Paul Watson. À partir de là, j’ai scindé mon temps entre mes études en science de l’environnement et les missions de terrain avec Sea Shepherd. Encore une fois, rien n’était calculé.
Rien ne vous prédestinait à vous consacrer au monde maritime ?
J’ai grandi en banlieue parisienne, je n’avais quasiment jamais vu la mer en France. Je l’ai découverte au Maroc, mes parents sont d’origine marocaine, et j’avais la chance d’aller au Maroc presque tous les étés. C’est là que j’ai découvert l’océan Atlantique qui m’a énormément touchée en tant qu’enfant. Surtout que cela contrastait énormément avec la cité bitumée dans laquelle je grandissais. Dans mon entourage familial et même amical, personne n’était porté sur les questions écologiques. Je passais pour la “Brigitte Bardot” de service.
Comment êtes-vous entrée dans le militantisme ?
Par les rencontres que j’ai provoquées, je suis allée chercher cette vie. Mon entrée dans cet univers s’est faite à la fois violemment et naturellement. Au début, je ne connaissais l’océan que depuis la plage. Quand j’ai fait ma première mission avec Sea Shepherd, vers 2005-2006, j’avais fait au mieux une traversée en ferry entre Sète et Tanger. Et me voilà en mission en Antarctique étant de quart (à la barre du bateau) en pleine tempête… Ça a été un baptême du feu assez rapide. J’ai appris sur le tas, sur les bateaux de l’ONG.
« Il faut comprendre la pression sur le milieu »
Comment se porte le monde marin ?
Il faut prendre cette question par la face visible de l’iceberg. Les excès de la surpêche et de la non-sélectivité des engins de pêche conduisent à la disparition des espèces emblématiques du milieu marin, telles que les dauphins et les oiseaux. Si nous voyons les effets sur quelques espèces visibles, il faut comprendre la pression sur le milieu. Ces méthodes de pêche (qui raclent le sol) sont aberrantes. Imaginez, c’est comme si on cadrait les forêts avec du fil de fer barbelé dans tous les sens. Toutes les espèces se retrouvent prises au piège alors que vous ne ciblez qu’une minorité.
Dans le golfe de Gascogne, on estime que, chaque jour, 45 000 kilomètres de filets de pêche sont posés, soit le tour de la planète. C’est une estimation basse, car la hauteur des filets a été multipliée par trois en dehors de toute réglementation.
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Le problème vient de la pêche…
En mer, c’est le Far West. C’est un carnage sans équivalent sur la Terre. Nous luttons contre la pêche illégale, mais il y a aussi de nombreuses actions légales comme les captures de dauphins, de requins ou d’oiseaux marins. C’est catastrophique. / Propos recueillis par Jean-René Augé-Napoli
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