Elle a fait partie de la folle aventure de Console +, cette revue dédiée au 10e art lancée en 1991. Dans les années 2000, on l’a retrouvée sur la chaîne de télé Game One. La journaliste Gia To, aujourd’hui présente sur YouTube, a répondu aux questions du Zéphyr.
Cet article est extrait du Zéphyr n°10 « Jeux vidéo : gagner avec l’art et la manette« . Découvrez son sommaire, passez commande pour soutenir la rédaction, 100 % indépendante.
En 1995, Gia To a intégré avec panache la rédaction de Consoles +, une revue à l’époque “écrite et lue par des mecs”, comme elle dit. “Certains, lance-t-elle durant notre entretien, avaient du mal à croire que je puisse vraiment bien jouer aux jeux vidéo.” Mais, tant pis, au culot, la testeuse s’y est fait une place, qu’elle gardera plusieurs années. L’ancienne chroniqueuse de la chaîne TV Game One a lancé en 2020 une chaîne YouTube pour continuer à couvrir l’actualité vidéoludique, qui compte pas moins de 68 000 abonnés. Pour Le Zéphyr, la journaliste retrace son parcours, sans oublier, notamment, de s’exprimer sur les préjugés qui gravitent autour des jeux vidéo.
« Certains avaient du mal à croire que je puisse vraiment bien jouer aux jeux vidéo »
Comment êtes-vous tombée dans le jeu vidéo ?
Gia To : Comment j’ai commencé ? Un peu comme tout le monde, je pense. J’ai essayé un jeu, et puis j’ai commencé à m’y intéresser un peu plus. Dans mon cas, tout a démarré quand j’ai quitté mon pays d’origine pour venir en France. Le voyage en avion était long, et, pour nous occuper, mon frère et moi, mon père nous avait acheté un jeu électronique. Et rapidement je suis passée aux consoles aux jeux à cartouche…
Qu’est-ce qui vous a rapidement plu dans cet univers ?
Au début, je ne sais pas, je ne pourrai même pas dire, précisément, c’était peut-être le challenge, en fait. Quand j’ai commencé les jeux vidéo, ce n’était pas très joli, on avait de gros pixels à l’époque. Ce n’était clairement pas ce que l’on voit aujourd’hui. Mais cela me plaisait. Il y avait ce petit côté “technologie”. Et puis il y avait aussi ce côté “dépassement de soi”, en d’autres termes : “Je vais m’accrocher, je vais y arriver.”
Vous avez fait partie du magazine Consoles +, magazine de jeu vidéo, qui a existé entre 1991 et 2012. Comment y êtes-vous entrée ?
Au culot ! Comme je lisais des magazines, j’ai commencé à appeler les rédactions afin de leur proposer mes services. Certaines rédactions m’ont répondu qu’il n’y avait plus de place et d’autres, curieuses, m’ont proposé de passer un test. Cela a été le cas pour Consoles +. Après, j’étais une femme et, à l’époque, ce n’était pas très courant : certains avaient du mal à croire que je puisse vraiment bien jouer aux jeux vidéo. Néanmoins, je suis restée au sein de l’équipe plusieurs années.
« Un petit côté machiste »
Par qui était lu ce magazine ?
Par des garçons, quelle question !? C’était un truc créé par des mecs et lus par des mecs ! Alors, si une fille voulait s’y aventurer, il fallait qu’elle ait un sacré caractère, on va dire !
Votre présence a-t-elle pu en gêner certains ?
Oui, je pense, après j’ai eu la chance de ne pas avoir été la première au sein de la rédaction. Je n’étais pas la première testeuse. Juste avant, il y avait eu Véronique Boissarie (Elvira). Véronique, qui avait un caractère bien trempé contrairement à moi (j’étais plus introvertie, plus timide), avait su marquer le territoire. Mais il est vrai qu’il y avait toujours un petit côté machiste à l’époque – qui est d’ailleurs toujours présent de nos jours.
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