L’entrepreneuse Pauline Ronez a fondé la société Une rose blanche pour offrir la possibilité de rendre hommage aux disparus.
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Entreprendre dans la “Death Tech”, Pauline Ronez n’y avait jamais pensé. C’est la mort d’une amie en 2017 qui l’a mise sur ce chemin inattendu. Quelques mois après son enterrement, Pauline décide de visiter les parents de la jeune femme et apporte quelques photos pour briser la glace. Des photos banales, qui ont permis d’ouvrir la discussion : “Sur l’une d’elles, on était toutes transpirantes et la photo n’était pas très belle, mais on était super fières d’avoir fait notre footing ! J’ai commencé à parler d’Anne-Sophie, et j’ai vu ses parents s’animer. Ça a réveillé des souvenirs et de la fierté en eux. Leur fille était très entourée et aimait relever des défis.”
Cet épisode convaint Pauline que la meilleure façon d’accompagner des personnes en deuil, c’est de les aider à faire vivre leur défunt au-delà de la mort. “Les personnes endeuillées ont peur de l’oubli en général, que les souvenirs s’effacent. En les ressemblant dans un livre, cela les rassure sur le fait que la mémoire du défunt perdurera malgré le temps », explique l’entrepreneuse.
Une reconversion pour accompagner les familles en deuil
C’est ainsi que cette diplômée de l’EM Lyon franchit le pas de la reconversion en 2018, et quitte son poste de consultante pour lancer Une Rose blanche, un service de livre d’or et d’hommage visant à faciliter les étapes du deuil, processus, décrit sur le webzine Happy End, dédié au sujet de la mort. Tous les jours, elle accompagne avec son équipe des familles endeuillées dans la création d’un livre d’hommage à partir des témoignages, des anecdotes et des photos du défunt partagés par les proches. L’idée est de concevoir un livre unique, au plus près de la personnalité de la personne décédée.
“On se sent vite démunis lors d’un décès, et on ne sait pas toujours comment faire pour manifester son soutien à la famille, confie Pauline. Souvent, on a envie d’écrire aux proches, mais on ne le fait pas par peur d’être maladroits, de ne pas trouver les bons mots.” Un frein levé par l’aspect collaboratif du livre et les conseils donnés par l’équipe d’Une Rose blanche aux contributeurs…
Une proposition précieuse pendant la crise sanitaire
Pendant les confinements successifs, les proches du défunt, privés des funérailles, auxquels ils ne pouvaient assister, ont vu dans ce service la possibilité de rendre hommage à l’être disparu, même à distance. « Les demandes d’albums ont triplé dès le début de la crise sanitaire. Ces albums ont permis aux amis et à la famille de manifester leur soutien, de rappeler qu’ils étaient là, même s’ils ne pouvaient pas se recueillir auprès du défunt », raconte Pauline ajoutant mettre l’accompagnement humain au cœur de son activité. « Les personnes ont parfois besoin de m’appeler en cas de doute, à propos d’un texte ou d’une photo par exemple. Ça les rassure d’avoir une oreille attentive à qui faire part de leurs émotions”, ajoute-t-elle. Des échanges précieux qui permettent souvent à l’endeuillé d’évoquer un souvenir, son chagrin ou encore son attachement au défunt…
La présence des absents
Aussi, “pas de pression dans la conception de l’album”, assure la fondatrice. Les livres se réalisent dans un laps de temps de trois semaines à six mois, vivants au rythme du deuil de la famille. La réalisation de l’album d’hommage est donc avant tout un travail d’écoute et de cœur. L’entrepreneuse est là pour concevoir un graphisme en accord avec les souhaits des familles et veille à soigner chaque petit détail du livre, en corrigeant les fautes d’orthographe par exemple. Ce travail d’orfèvre offre d’ailleurs un effet thérapeutique double. Il apaise ceux qui témoignent et agit comme un baume cicatrisant chez ceux qui le reçoivent.
Au moment de conclure notre entretien, la citation de Jean d’Ormesson résonne en nous : “Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.” Grâce à son écoute et son accompagnement personnalisé, aucun doute : Pauline Ronez continuera de faire vivre tous ces absents. / Capucine Taconet (du média Happy End)